La section « Phytopharmaceutiques – Législation » du Comité « PAFF » pour Plants, Animals, Food and Feed (plantes, animaux, denrées alimentaires et aliments pour animaux) de la Commission européenne a joué un bien sale coup à la biodiversité cet été.
La section se réunissait les 16 et 17 juillet 2019 pour discuter notamment de la règlementation autour des pesticides tueurs d’abeilles : que faut-il interdire et que faut-il laisser passer ? Un guide de l’EFSA publié en 2013 répondait à une demande de la Commission en exposant les dangers posés par les pesticides pour les abeilles, notamment les néonicotinoïdes. L’année précédente, un rapport scientifique de l’EFSA tirait déjà la sonnette d’alarme. Cela n’a pas empêché la majorité des États membres d’adopter en juillet seulement une proportion minime des recommandations de l’EFSA. Les lobbies sont très puissants, et très persuasifs…
Barbara Berardi de l’association Pollinis dénonce l’intense lobbying des industriels de l’agrochimie dans Le Monde du 27 août 2019 : « On voit que l’industrie cherche à négocier les coefficients permettant d’estimer les niveaux de risques acceptables, avec des arguments extrêmement techniques […] Par exemple, l’industrie demande à la Commission de relever à 20 % la perte d’abeilles au sein d’une colonie comme seuil acceptable, au lieu des 7 % recommandés par l’EFSA. »
Est-il encore besoin de rappeler que l’on a observé une diminution de plus de 75 % de la biomasse des insectes en une trentaine d’années ? Qu’ils jouent pourtant un rôle primordial dans la nature et qu’ils sont en plus extrêmement utiles à l’humain ? (voir notre article « Insectes : une hécatombe à endiguer » dans la revue n° 101). Afin d’éviter la catastrophe qui s’annonce, il ne serait pas superflu d’appliquer le principe de précaution aux produits de l’agrochimie. Nos dirigeants et nos décideurs doivent cesser de traîner la patte face à l’urgence de la situation.
Sophie Hild