L’exposition « Filets obscurs » se tenait du 18 septembre au 26 octobre 2019 à la Galerie Fait & Cause à Paris. Reportage.
Du 18 septembre au 26 octobre 2019 se tenait l’exposition « Filets Obscurs » à la Galerie Fait & Cause, de l’association Pour que l’esprit Vive, consacrée à la photographie sociale. Étaient exposés les clichés du photographe Pierre Gleizes pris à bord de l’Esperanza, l’un des bateaux de Greenpeace, utilisé dans le cadre de la campagne « Espoir » en 2017. Cette campagne consistait à mettre à disposition un appui logistique aux inspecteurs des pêches mandatés par des pays Ouest Africains pour lutter contre la pêche illégale. À travers les photos, on découvre la banalité des infractions commises en haute mer qui échappent généralement au regard des contrôleurs et du grand public : transbordement illégal, piraterie d’un chalutier russe pêchant sans licence dans les eaux sénégalaises etc… Une photo nous montre des employés préparant des sacs de poissons comme pots de vin en préparation de l’arrivée des contrôleurs sur le pont. Une autre nous dévoile des employés qui présentent un filet n’ayant manifestement jamais servi lors d’un contrôle, car le filet qu’ils utilisent est illégal en raison de mailles trop étroites ne laissant pas les juvéniles s’échapper. Le regard dubitatif d’un des employés laisse deviner que la supercherie est osée. Les conditions de travail des pêcheurs, parfois exploités par la mafia chinoise, semblent proches de l’esclavage. Les pratiques légales comme le rejet des prises accessoires dans le but de conserver de la place à bord pour les prises les plus lucratives et le chalutage en eau profonde sont également dénoncées par ces images. De tout cela ressort un amer constat : les infractions de petite ampleur commises par des pêcheurs locaux semblent plus durement réprimées que les pratiques des bateaux-usines qui n’hésitent pas à récidiver leurs pratiques illégales quelques heures après avoir été pris en flagrant délit. En conséquence se profile le risque d’un océan sans poisson comme le montre la photo des centaines de pirogues inutilisées restant sur les plages de Kayar au Sénégal : elles ne font pas le poids face aux dégâts de le pêche industrielle légale et illégale.