En collaboration avec la Fondation Brigitte Bardot, la LFDA a dévoilé en France une enquête d’opinion réalisée par Eurogroup for Animals, dont nos organisations sont membres, au sujet de la perception du loup par les citoyens européens. Au total, 6137 Européens de six pays (France, Allemagne, Espagne, Italie, Pologne et Finlande) ont été interrogés au mois de février 2020. Parmi eux, 81 % sont en faveur d’une stricte protection du loup. Du côté de la France, la part s’élève à 84 % des Français interrogés.
Une espèce protégée… mais pas assez
L’espèce Canis lupus est protégée par la Convention de Berne et la directive européenne « Habitats ». L’abattage de loup est donc interdit en Europe. Cependant, des dérogations existent pour protéger les animaux d’élevage, alors que 84 % des Européens et 78 % des Français interrogés estiment que les éleveurs et les habitants des milieux ruraux devraient utiliser des méthodes non-léthales pour prévenir les attaques de loups.
En France, depuis le début de l’année 2020, 18 loups ont été abattus. L’année dernière c’est un total de 98 loups qui sont morts sous les balles. Pourtant, la majorité des Français interrogés jugent qu’il n’est jamais ou rarement acceptable de tuer des loups parce qu’ils ont attaqué des animaux d’élevage (57 %) ou pour contrôler la taille de leur population (55 %). D’ailleurs, selon l’Office français de la biodiversité (OFB – anciennement Office national de la chasse et de la faune sauvage), la France compterait à ce jour environ 580 loups sur son territoire. Même s’il a tendance à être mobile, le loup est donc encore peu présent en France. L’OFB et le Muséum national d’Histoire naturelle estiment qu’une population de loup en bon état de conservation sur notre territoire devrait être constituée de 2000 à 5000 individus. On en est encore loin, d’autant que l’OFB souligne dans un communiqué de juin 2020 que la « dynamique de progression de la population ralentit » et que « le taux de survie [des individus] est en baisse ».
Grand méchant loup
Le sondage révèle que pour 33 % des Français interrogés, le loup peut représenter une menace. La bonne nouvelle c’est qu’ils sont minoritaires. Mais rappelons-leur encore une fois : non, le loup n’est pas dangereux, il ne va pas attaquer des enfants dans une école. D’ailleurs, la Cour de justice de l’Union européenne a déclaré dans un jugement rendu au mois de juin que la protection stricte du loup s’applique y compris lorsqu’un individu se trouve en milieu urbain ou péri-urbain.
Les loups, comme les autres grands prédateurs, rendent service à l’écosystème, en régulant les populations de cervidés ou petits mammifères. 85 % des Français interrogés reconnaissent que les loups appartiennent tout autant à l’environnement naturel que les renards, les cervidés ou les lièvres et 76 % qu’ils sont bénéfiques à l’écosystème dans lequel ils vivent.
Lire aussi CP: Sondage: 84 % des Français sont en faveur d’une stricte protection du loup
Loup y es-tu ?
Pourtant, certains éleveurs dans des régions plus à risque, ainsi que des chasseurs, font pression sur les gouvernements français et européen pour obtenir une protection plus souple (si ce n’est inexistante) du loup gris. De leur côté les citoyens français interrogés sont 85 % à souhaiter que l’État français et la Commission européenne financent des équipements pour que les éleveurs préviennent les attaques de loups sur leurs troupeaux. Des méthodes sont déjà financées mais elles ne sont pas toujours bien utilisées et leur mise en place n’est pas toujours bien contrôlée. Il est important de cumuler les méthodes de protection qui ont fait leur preuve face à une espèce extrêmement intelligente et adaptable. Les deux mots d’ordre sont : coexistence et cohabitation. Ainsi, 82 % des Français interrogés pensent que les humains devraient trouver un moyen de coexister avec les loups et 78 % estiment que les loups devraient être acceptés de vivre en France.
Nikita Bachelard