Les deux espèces d’éléphants d’Afrique, l’éléphant de savane et l’éléphant des forêt, sont classées réciproquement « en danger » et « en danger critique » d’extinction, principalement à cause du braconnage et de la destruction de leur habitat naturel.
Les deux espèces d’éléphants d’Afrique distinguées sur la liste rouge de l’UICN
Ce n’est pas une fable de La Fontaine. Jusqu’à l’année dernière, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) classait les éléphants d’Afrique dans une seule catégorie sous le statut « Vulnérable » dans sa liste rouge. Cette année, après consensus d’experts, distinction est faite entre les populations de savane (Loxodonta africana) et les populations de forêt (Loxodonta cyclotis).
En 2016, un rapport de l’UICN dénombrait 415 000 éléphants d’Afrique au total. Suivi depuis de nombreuses décennies, l’éléphant de savane, qui est présent en Afrique subsaharienne et préfère les espaces ouverts, a suivi un déclin estimé à 60 % depuis 1960. Sur la liste rouge 2021, il est classé « En danger ». En parallèle, l’éléphant de forêt, présent en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, a vu son effectif chuter de plus de 86 % en 31 ans. Il est classé « En danger critique d’extinction ». C’est principalement le braconnage, avec un pic en 2011, qui menace drastiquement les populations d’éléphants. La réduction de l’espace naturel des animaux pour les activités humaines explique également le déclin des populations, en particulier pour l’éléphant de forêt.
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Des stratégies qui fonctionnent, mais pas assez nombreuses
Malgré ces tristes constats, l’UICN souligne tout de même des actions positives dans certaines régions. Le Dr Bruno Oberle, directeur général de l’UICN, note : « Nous devons, de toute urgence, mettre un terme au braconnage et veiller à ce que suffisamment d’habitats convenables soient conservés pour les éléphants de forêt et de savane. Ces dernières années, plusieurs pays africains ont montré la voie à suivre, démontrant qu’inverser la tendance du déclin des éléphants est possible. Nous devons travailler ensemble pour que leur exemple puisse être suivi. » En effet, une stabilisation du nombre d’éléphants de forêt est observée dans des aires de conservation au Gabon et en République du Congo, tandis que le nombre d’éléphants de savane se stabilise, voire augmente, dans certaines zones de conservation comme la réserve de Kavango-Zambèze, transfrontalière entre l’Angola, le Botswana, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwé.
« L’inquiétude est grande pour les éléphants d’Afrique, du fait de la demande persistante d’ivoire et des pressions humaines croissantes sur les terres sauvages d’Afrique. La nécessité de conserver de manière créative et de gérer de manière judicieuse ces animaux et leurs habitats est plus pressante que jamais », a déclaré le Dr Kathleen Gobush, évaluatrice principale des éléphants d’Afrique.
Des animaux indispensables à leurs écosystèmes… et au tourisme
Il est d’autant plus important de veiller à protéger les éléphants d’Afrique que ceux-ci jouent un rôle très important dans leurs écosystèmes respectifs. Citée dans Le Monde, le Dr Gobush explique : « Dans les forêts, les éléphants dispersent les graines de nombreux arbres et plantes, ce sont les méga-jardiniers des forêts tropicales. Ils en sont aussi les ingénieurs, en créant des éclaircies qui favorisent la diversité ; dans la savane, ils maintiennent la fertilité des sols… »
Par ailleurs, pour certains parcs nationaux africains, l’éléphant fait partie des célébrités, par exemple au Parc Kruger en Afrique du Sud ou au Serengeti en Tanzanie où il attire de nombreux visiteurs, en temps normal. Ces parcs sont d’ailleurs gravement affectés par la pandémie de Covid-19 et risquent de devoir licencier certains de leurs guides-rangers, pourtant utiles dans la lutte contre le braconnage.
Sophie Hild