Les vétérinaires sont engagés dans la promotion du bien-être animal. On pourrait penser que cela va de soi. Cela va assurément mieux en l’affirmant par écrit. C’est ce qu’ont fait en 2020 l’Association de médecine vétérinaire américaine (AVMA), l’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) et la Fédération des vétérinaires d’Europe (FVE). Ils ont rédigé et publié une déclaration commune sur leur rôle dans la promotion du bien-être animal.
La santé n’est qu’une composante du bien-être, cela est vrai pour les humains comme pour les animaux. Et les vétérinaires ne veulent manifestement plus demeurer enfermés dans un rôle exclusivement médical et sanitaire.
Ils affirment ainsi solennellement que les animaux sont des êtres vivants capables de ressentir des sensations et des émotions positives, comme celles associées par exemple au confort ou au plaisir, ou bien négatives comme la douleur, la peur et la frustration. Ils en déduisent qu’ils méritent des soins, une considération et un respect appropriés, affirmant qu’ils doivent pouvoir vivre une bonne vie et une mort sans cruauté.
Ils s’engagent en considérant qu’il y a à leur endroit des attentes sociétales et professionnelles et qu’ils doivent désormais faire preuve de leadership en matière de bien-être animal par des actions qui stimulent et alimentent la discussion publique, inspirent confiance et soutiennent le consensus de la collectivité concernant l’utilisation, les soins et le traitement approprié des animaux.
Ils justifient cette légitimité à défendre le bien-être animal en tant que professionnels avertis et responsables par des atouts que sont notamment :
- une crédibilité acquise de longue date en servant le public ;
- une culture de la démarche éthique et le respect d’une déontologie opposable ;
- des bases scientifiques solides ;
- une capacité à l’empathie ;
- un accès direct aux animaux ;
- des interactions régulières avec les personnes et organisations responsables du bien-être des animaux.
Enfin, dans leur déclaration, ils mettent en avant que les actions employées pour améliorer le bien-être animal doivent être fondées sur des considérations vétérinaires, éthologiques, écologiques, économiques et éthiques. Ils complètent leur déclaration commune par des exemples d’actions et de moyens contribuant à cet engagement.
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Cette déclaration commune n’a pas eu grand retentissement médiatique. Est-ce parce qu’en ces temps les projecteurs sont essentiellement braqués sur la crise de la Covid-19 et que les vétérinaires n’arrivent à la rigueur à se faire entendre qu’à travers la promotion du concept d’Une seule santé ?
Ou est-ce parce que les vétérinaires ont une difficulté inhérente à leur histoire en tant que corps professionnel primitivement au service de l’élevage et d’une approche scientifique hygiéniste de la relation des humains avec les animaux ?
Il reste que ces professionnels qui ont vocation à être parmi les meilleurs experts du bien-être animal cherchent aujourd’hui à se frayer une place dans le débat sociétal : l’équilibre à trouver entre humains et animaux passe assurément aussi par l’équilibre à trouver entre tous les experts, réels et prétendus, qui se préoccupent de la question.
Michel Baussier