Devenue la mascotte de nos montagnes alpines, la marmotte est toujours la cible d’une chasse injustifiée. De nombreux défenseurs de la cause animale condamnent cette pratique jugée d’un autre âge, dont le député Loïc Dombreval qui demande expressément l’interdiction de cette pratique. Une mesure urgente qui s’impose face au déclin des populations de marmottes relevé dans les Alpes. Chasse, tourisme, chiens de protection des troupeaux et réchauffement climatique se combinent et menacent l’avenir de la marmotte alpine.
Une pratique « traditionnelle »
Le début du mois de septembre est marqué par l’ouverture de la chasse à la marmotte, pratique « traditionnelle » encore retrouvée dans plusieurs départements français tels que les Alpes-Maritimes, la Savoie ou même l’Isère. Autorisée pendant une période pouvant aller de trois semaines jusqu’à deux mois selon les arrêtés préfectoraux, cette chasse est vieille de plusieurs millénaires. En effet, d’après des études sur des ossements, la marmotte alpine était jadis chassée pour sa graisse et sa fourrure. Aujourd’hui, les marmottes sont principalement chassées pour être consommées bien que cette pratique culinaire s’estompe fortement de génération en génération. Toutefois, la marmotte alpine serait aussi la cible de tirs dans le but de s’entraîner ou encore lorsque la sortie de chasse ne se révèle pas concluante.
Une chasse condamnée
Cette pratique d’un autre âge suscite l’indignation et l’incompréhension chez certains défenseurs de la cause animale tels que Georges Erome, responsable biodiversité à France Nature Environnement. « En tant que biologiste, je ne vois pas quel est le justificatif de cette chasse. C’est uniquement pour le plaisir d’appuyer sur la gâchette ». Loïc Dombreval, vétérinaire de formation, rapporte également que c’est un animal qui vit à découvert, sans défense face aux tirs des chasseurs, et qui n’est pas nuisible pour l’humain. Le député des Alpes-Maritimes a d’ailleurs expressément demandé au préfet des Alpes-Maritimes l’interdiction de la chasse à la marmotte : « Entre pratique culinaire marginale et cible d’entraînement, cette chasse est inacceptable. »
De multiples menaces entrainant un déclin des populations
De plus, un déclin des populations de marmottes alpines a été relevé ces dernières années. En effet, devenue au fil des années un réel emblème de la faune montagnarde française, cette espèce fait face à des menaces diverses expliquant la baisse du nombre d’individus recensés. En 2010, les colonies avaient connu une forte mortalité, ce qui a d’ailleurs mené à la mise en place de maraudes pendant la forte fréquentation touristique en été. Des écologues ont porté leurs recherches sur le comportement et la démographie des marmottes dans les Alpes et le constat est clair : outre la chasse, la marmotte est victime de l’impact des activités humaines, notamment les activités sportives telles que la randonnée ou le VTT. Elles perturbent le comportement alimentaire de ces rongeurs. Les randonneurs sortent des sentiers pour prendre des photos et dérangent la marmotte lors de son activité alimentaire. Or, d’avril à octobre, la marmotte doit emmagasiner suffisamment de réserves pour hiberner, c’est pourquoi la prise alimentaire est vitale pendant cette période. Certains randonneurs vont même jusqu’à nourrir les marmottes malgré l’interdiction de nourrir des animaux sauvages dans ces massifs montagnards, pouvant ainsi rendre malade ces rongeurs. Les perturbations multiples lors des saisons d’engraissement entrainent une mort des individus pendant l’hiver ou des portées plus réduites, ce qui explique la baisse des individus relevé au sein des colonies. Parallèlement, ces rongeurs sont aussi menacés par les chiens de protection des troupeaux, les patous, qui en font parfois leur proie.
À cela s’ajoute également le réchauffement climatique qui menace l’espèce en réduisant ses ressources alimentaires.
En ce sens, l’interdiction de la chasse à la marmotte, devenue une activité totalement désuète et injustifiée d’un point de vue écologique et éthique, mettrait fin à une des menaces pesant sur l’avenir de ce mammifère emblématique.
Noémie Monchy