Abolition de la corrida en Colombie

Le 12 juin 2024, l’assemblée plénière de la Chambre des représentants colombienne a adopté le rapport de conciliation du projet de loi visant à mettre fin à la corrida sous toutes ses formes en Colombie. Le pays quitte enfin la triste liste des 8 derniers pays à maintenir ce spectacle cruel.

Il s’agissait de la dernière étape législative avant que le texte soit soumis à l’approbation officielle du président Gustavo Petro. Celui-ci s’est réjoui de cette victoire sur son compte X : « Félicitations à ceux qui ont enfin réussi à faire en sorte que la mort ne soit plus un spectacle ».

Une étape importante pour la Colombie

Après 14 tentatives pour faire voter une loi anti-corrida, la Chambre des représentants et le Sénat se sont enfin mis d’accord. C’est désormais un « triomphe pour les animaux », a déclaré la députée Esmeralda Hernández, de la coalition de gauche, qui a été l’une des promotrices de l’initiative à la Chambre des représentants.

Ce texte de loi entrera en vigueur en 2027. Dans l’intervalle, l’État colombien devra permettre aux personnes dépendant directement ou indirectement de la tauromachie de retrouver un emploi. Par ailleurs, le texte prévoit de transformer les arènes et autres enclos du pays en lieux adaptés à l’organisation d’événements culturels et sportifs.

Les députés en faveur de l’interdiction avaient notamment fait valoir que la corrida était l’un des héritages culturels les plus controversés de la colonisation espagnole. Celle-ci allait à l’encontre de principes constitutionnels tels que la protection de l’environnement, la dignité humaine et la reconnaissance des animaux en tant qu’êtres sensibles et créanciers du droit à la protection contre les mauvais traitements et la violence.

Lire aussi : « Corrida à Pérols : vers une interprétation plus restrictive de la notion de tradition locale ininterrompue ? » (revue n° 118)

Un modèle à suivre pour la France

Désormais, seuls 7 pays dans le monde maintiennent cette pratique, à savoir la France, l’Espagne, le Portugal, le Pérou, le Mexique, l’Équateur et le Venezuela.
Pour rappel, une proposition de loi visant à interdire la corrida avait été portée par le député Aymeric Caron en décembre 2022. Face à l’obstruction parlementaire de certains députés Rassemblement national, Les Républicains et Renaissance, le député insoumis a été contraint de retirer sa proposition de loi, pour laisser une chance à la proposition suivante d’être adoptée .

Pourtant, nous savons aujourd’hui que 77 % des Français, Portugais et Espagnols pensent que la corrida cause trop de souffrance pour les taureaux. Plus de la majorité pensent qu’elle devrait être supprimée (Ipsos I&O pour CAS Int. en 2024).

Conclusion

L’abolition de la corrida en Colombie témoigne d’une volonté générale de mettre fin à cette pratique cruelle devenue très impopulaire. Espérons que la France suive cet exemple, et que la question de la fin de la corrida soit remise à l’ordre du jour après les nouvelles élections législatives organisées à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République.

Talel Aronowicz

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