Billet de Louis Schweitzer : les objectifs de la LFDA en matière d’expérimentation animale

© Eduard Goricev

BILLET DU PRÉSIDENT • Revue n°121 (été 2024)

Je vous ai entretenus, voici 18 mois, des animaux d’expérimentation. Je soulignais que l’objectif était clair, éliminer à terme l’expérimentation animale, et les voies d’action bien définies, tout faire pour remplacer l’expérimentation animale par d’autres techniques (cultures cellulaires, techniques statistiques fondées sur l’intelligence artificielle), réduire le nombre d’animaux concernés pour chaque expérience, raffiner les techniques pour diminuer la souffrance ou la gêne causée par l’expérimentation.

Billet de Louis Schweitzer : « Réduire, raffiner, remplacer », les travaux de la LFDA pour les animaux utilisés en expérimentation

En revanche, force est de constater qu’en France le progrès est plus lent que chez nos voisins et que le nombre de procédures sévères, celles qui infligent le plus de souffrances, est plus élevé.

Interdire l’expérimentation animale en France n’est pas la solution : cela conduirait à délocaliser la recherche médicale vers la Chine et d’autres pays moins regardants sur l’expérimentation.

Il faut faire progresser ensemble, en France, la science médicale et le bien-être animal.

Pour cela, la LFDA se bat sur plusieurs fronts :

  • Assurer la formation initiale et continue des scientifiques à l’éthique animale.
  • Investir plus de ressources publiques et privées dans les méthodes substitutives.
  • Diffuser largement ces méthodes substitutives et veiller à leur mise en œuvre effective : trop souvent, par habitude, on recourt encore à l’animal alors que d’autres techniques existent.

Ainsi, en France, des productions de routine conduisent à sacrifier 240 000 animaux par an, dont 22 200 dans des procédures sévères et douloureuses, alors que les chiffres correspondants en Allemagne sont de 66 000 animaux, dont 123 seulement subissent des procédures sévères.

  • Renforcer le rôle, les moyens et l’indépendance des comités éthiques qui ont pour objet d’évaluer tous les projets d’expérimentation animale.
  • Publier des statistiques complètes et détaillées de l’expérimentation animale afin que l’opinion puisse mesurer la réalité des progrès accomplis et s’assurer que la France est à la hauteur des meilleurs.

Sur tous ces points, la bataille n’est pas gagnée ; mais je vois des signes de progrès, en premier lieu dans la prise de conscience de l’enjeu par la communauté scientifique.

Louis Schweitzer

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