Dans le cerveau des perroquets : la couronne de l’imitation
Des neurobiologistes américains de la Duke University1 ont découvert le siège cérébral des capacités d’imitation du perroquet en étudiant l’expression des gènes dans le cerveau des oiseaux. Ils ont observé que si la population de neurones formant les noyaux du chant est commune à tous, elle est, chez les perroquets, entourée d’une couronne de neurones particuliers d’autant plus large que les performances d’imitation sont élevées.
La perruche baille aussi
Grâce aux travaux de chercheurs de l’université d’État de New York2 on sait que le bâillement et sa contagion ne sont plus l’apanage des mammifères. Ils ont démontré pour la première fois qu’un oiseau, la perruche ondulée (Melopsittacus undulatus), baille aussi, comme les hommes, les chimpanzés, les chiens, les loups et les rats et que leur bâillement est contagieux, signe d’empathie entre congénères.
Poulets à museau de dinosaure
Des chercheurs américains avaient découvert que deux gènes, reconnus pour organiser le développement de la gueule, s’exprimaient différemment chez les embryons de reptiles comme les alligators et les tortues et ceux d’oiseaux comme les poulets. Ils ont voulu comprendre comment le museau s’est transformé en bec lorsque les dinosaures ont donné naissance aux premiers oiseaux.
En modifiant l’expression des gènes du bec d’un embryon de poulet, ils ont mimé un arrêt de l’évolution et obtenu des poulets à museau arrondi reptilien. Certains biologistes pensent déjà à utiliser une méthode similaire pour obtenir des « pouletosaures », non seulement à museau, et mâchoires dentées de dinosaures mais aussi à bras et à queue de dinosaure. Ils réactiveraient les gènes dinosauriens ancestraux de croissance de la gueule et des dents mais aussi ceux des vertèbres caudales et des os des membres supérieurs doigts! Mais personne ne s’est encore interrogé sur le bien-être de cette éventuelle future basse-cour de type Jurassic Park.
L’oisillon chenille
Les poussins de l’aulia cendré (Laniocera hypopyrra), un passereau des forêts tropicales péruviennes, imitent l’aspect et les mouvements d’une chenille toxique de son écosystème. Des chercheurs américains4 ont observé que si l’oisillon est menacé, il hérisse ses longues plumes duveteuses orange, parsemées de points noirs et surmontées de barbes à point blanc et se tortille en ondulant de la tête tournée vers le bas : ce qui lui donne toute l’apparence et le mouvement d’une chenille connue par ses prédateurs pour être vénéneuse. C’est la première fois que l’on observe ce type de mimétisme chez des oiseaux.
Thierry Auffret Van Der Kemp
- Mukta Chakraborty , Solveig Walløe, Signe Nedergaard, Emma E. Fridel, Torben Dabelsteen, Bente Pakkenberg, Mads F. Bertelsen, Gerry M. Dorrestein, Steven E. Brauth, Sarah E. Durand, Erich D. Jarvis,C ore and Shell Song Systems Unique to the Parrot Brain. PlosOne, June 24,2015.
- Andrew C. Gallup, Lexington , Janine, Serena Sackett .Experimental evidence of contagious yawning in budgerigars (Melopsittacus undulatus) Animal Cognition September 2015, Volume 18, Issue 5, pp 1051-1058.
- Bhart-Anjan S. Bhullar, Zachary S. Morris, Elizabeth M. Sefton, Atalay Tok, Masayoshi Tokita, Bumjin Namkoong, Jasmin Camacho, David A. Burnham6 and Arhat Abzhanov, A molecular mechanism for the origin of a key evolutionary innovation, the bird beak and palate, revealed by an integrative approach to major transitions in vertebrate history Evolution vol.69 issue 7 pp. 1665-1677, July 2015.
- Gustavo A. Londono. Duván A. García and Manuel A. Sánchez Martínez 2015. Morphological and Behavioral Evidence of Batesian Mimicry in Nestlings of a Lowland Amazonian Bird. The American Naturalist, vol. 185, no. 1, pp. 135-141, January 2015.
Article publié dans le numéro 87 de la revue Droit Animal, Ethique et Sciences.