Depuis le 8 avril 1980, une ordonnance préfectorale permet aux chauffeurs de taxi de Paris et région parisienne de refuser les personnes accompagnées d’animaux (à l’exception des personnes non-voyantes).
Avant et après les vacances scolaires, les déplacements d’un lieu à un autre, d’une gare à l’autre en compagnie d’animaux domestiques divers et variés sont tout à fait courants dans la capitale. Les Parisiens quittent Paris pour la Province avec leurs animaux mais ils ne possèdent pas tous un véhicule ; les transports en commun et les taxis représentent alors pour la majorité le seul moyen de rejoindre les gares et aéroports.
Les animaux domestiques parisiens ont donc eux aussi l’habitude d’emprunter les transports en commun et les taxis, mais les taxis seulement quand les chauffeurs daignent les accepter, ce qui est très loin d’être systématique! Car, si la SNCF et la RATP laissent voyager dans les trains, métros, RER, bus et tramways, gratuitement en Île-de-France et avec un billet sur le réseau national les animaux dans des sacs, on ne peut pas en dire autant de la très grande majorité des chauffeurs de taxi qui bien souvent refusent catégoriquement qu’un animal dans un sac ne risque de salir la banquette arrière!
Et si le premier chauffeur de taxi refuse un animal dans un sac, par solidarité la file entière des taxis le refusera également. Soit, c’est hélas leur droit de refuser une course avec un animal. Mais comment réagir quand ces mêmes chauffeurs de taxi, ne voulant quand même pas perdre le prix alléchant d’une course peut-être longue, et face à l’étonnement, voire l’embarras du propriétaire devant leur refus de le véhiculer, proposent alors de transporter malgré tout l’animal mais… dans le coffre de la voiture? Et ce, bien sûr, en pleine canicule…
Si ces chauffeurs de taxi connaissent bien leurs droits en refusant la course, ils semblent totalement ignorer qu’un animal est un être vivant, sensible et intelligent, et pas une valise, et qu’une fois dans un coffre de voiture, sans ventilation, dans le noir complet, à près de 50°C, avec des vapeurs d’essence au beau milieu d’un bouchon qui peut éventuellement durer une heure, voire deux, le chat ou le chien aura bien peu de chances de sortir indemne de cette course infernale.
Comment ces chauffeurs de taxi peuvent-ils imaginer une seule seconde qu’un propriétaire laissera son animal voyager dans des conditions aussi dangereuses? Mais surtout, comment ces chauffeurs de taxi peuvent-ils proposer de manière aussi naturelle et anodine un acte de maltraitance animale en bonne et due forme? Même les porcs véhiculés vers l’abattoir ont le droit à un minimum d’aération et de lumière!
Si la mauvaise réputation des chauffeurs de taxis parisiens
- déjà fort mal notés par rapport à ceux des autres grandes capitales européennes,
- est devenue internationale après les violentes attaques sur des touristes, au cours des manifestations de juin dernier, il faut avoir l’habitude de voyager avec des animaux domestiques dans un sac pour comprendre encore mieux certains problèmes relationnels dans la capitale.
Bien souvent, le voyage vers la gare s’effectue in fine… en métro! Mais entre un métro bondé et bruyant et le coffre non aéré et surchauffé d’un taxi, pour l’animal comme pour le propriétaire, y a pas photo! Trouver un taxi à Paris pour les propriétaires d’animaux domestiques relève de la mission difficile. À quand des taxis parisiens « petsfriendly » qui afficheront fièrement une petite pancarte : « Animaux domestiques bienvenus à bord! »?
Astrid Guillaume