Les maladies transmises par les tiques sont devenues un sujet de forte inquiétude de la société, et il est du rôle de la LFDA de contribuer à en informer le public. Voici un résumé de la présentation de Mme Bonnet, lauréate du prix de biologie Alfred Kastler 2015 de la LFDA, donnée lors de la cérémonie de remise du prix.
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Les tiques représentent, au niveau mondial, le second vecteur de maladies infectieuses après les moustiques pour la santé humaine, et le premier vecteur pour la santé animale. En raison des changements sociaux économiques et environnementaux ainsi que de l’intensification des mouvements de populations humaines et animales, la distribution géographique de plusieurs espèces de tiques tend à s’accroître et les maladies transmises par les tiques deviennent une préoccupation croissante. Actuellement, la lutte contre les tiques est essentiellement basée sur l’utilisation d’acaricides qui, outre le fait d’atteindre la faune non-cible, sont polluants et génèrent des résistances. Il devient ainsi urgent d’identifier de nouvelles méthodes de lutte contre les tiques. Cependant, la surveillance et la mise en place de nouvelles stratégies de lutte sous-entendent une bonne connaissance de la biologie de ces acariens et des modalités qui régissent la transmission des micro-organismes qu’ils véhiculent. Pour ce faire, il est nécessaire de maîtriser la totalité de leur cycle de vie en laboratoire dans des conditions contrôlées, et de mettre en place des systèmes efficaces reproduisant la transmission, par les tiques, des micro-organismes à étudier. Les tiques dures sont sans doute les arthropodes hématophages possédant les modalités de gorgement les plus complexes, et, de fait, les plus difficiles à reproduire en laboratoire. Ces tiques se nourrissent uniquement de sang et prennent un repas à chacun de leur stade de développement : larve, nymphe et adulte, pour se transformer ensuite dans le stade suivant ou pondre pour la femelle adulte. Les repas sanguins sont très volumineux et très longs (plus de 10 jours au stade adulte). La méthode la plus utilisée pour reproduire ces repas sanguins est le gorgement direct sur des animaux vivants, infectés ou non par un micro-organisme. Dans le but de s’affranchir de l’utilisation d’animaux, une méthode de gorgement et d’infection des tiques via un système de gorgement sur membrane a donc été mise en place. Cette technique est à présent adoptée pour entretenir un élevage de tiques dans notre laboratoire, et a été utilisée avec succès à la fois pour tester de nouveaux acaricides, étudier la transmission de divers micro-organismes, ou encore rechercher de potentielles cibles vaccinales contre les tiques.
