Les conditions d’élevage et d’abattage des animaux de rente sont aujourd’hui facilement mises sur le devant de la scène. En revanche, les conditions de transport sont encore oubliées, alors même que le transport d’animaux vivants représente une source de stress et de douleur qua-si-systématique pour eux, exacerbés lorsque le trajet dépasse une certaine durée – la fatigue, la faim et la soif s’ajoutant à tout le reste.
Nous vous parlions dans le n ° 89 du calvaire des animaux transportés vers la Turquie (1), dont une partie décède en route au milieu de ses congénères – le sort du reste n’étant pas plus réjouissant. Rappelons-nous main-tenant une catastrophe sans précédent qui a causé la mort de plus de 67 000 ovins en 1996 : transportés par bateau (l’Uniceb) dans l’océan Indien, un feu éclata et les animaux périrent tous, brûlés-vifs ou noyés (on ne sait quel sort est le pire…). Des horreurs de ce genre sont fréquentes. Des désastres se produisent encore et toujours aujourd’hui.
À l’initiative de Compassion In World Farming (CIWF), et à l’occasion des 20 ans de la catastrophe de l’Uniceb, plusieurs dizaines d’associations internationales de protection animale dont la LFDA se mobiliseront le 29 août pour braquer les projecteurs sur ces millions d’animaux transportés vivants de par le monde. Pour réduire les risques liés au transport et li-miter le mal-être des animaux, beaucoup de progrès sont encore à accomplir. Un règlement européen est sensé protéger les animaux transportés à l’intérieur des frontières de l’UE, qu’ils proviennent de l’UE ou non. Une décision de la Cour de justice de l’UE a d’ailleurs récemment étendu l’application des dispositions du règlement au transport des animaux même après qu’ils aient quitté l’UE. Néanmoins, et comme on le voit pour la Turquie, les moyens mis en œuvre pour leur application laissent à désirer, désespérément. C’est d’autant plus inquiétant que le nombre d’animaux concernés par les exportations ne cesse de croître, particulièrement depuis la France.
Le 29 août, faisons passer le message à la Commission européenne : il faut maintenant avoir les moyens de ses ambitions, afin qu’elles ne restent pas lettre morte.
Sophie Hild
1. Gignoux A. Le commerce de la honte : un nouveau rapport accablant sur le transport d’animaux. Droit Animal, Éthique & Sciences, n ° 89, avril.
Article publié dans le numéro 90 de la revue Droit Animal, Éthique & Sciences.