Mettre la condition animale au cœur des enjeux politiques

Nous en parlions dans les colonnes de la revue en 2016 : sous l’impulsion des députées Laurence Abeille et Geneviève Gaillard, nous sommes 26 organisations de protection animale (1) à nous être rassemblées au sein du collectif AnimalPolitique pour travailler ensemble à l’élaboration d’un « manifeste » regroupant 30 propositions pour améliorer la condition animale.

Les représentants des 26 ONG le 22 novembre 2016
Les représentants des 26 ONG le 22 novembre 2016

26 ONG dont la LFDA cosignent le manifeste « AnimalPolitique »

Destiné aux candidats aux élections présidentielles et législatives, ce manifeste a plusieurs objectifs.

Premier objectif :

Le premier est d’ouvrir le débat sur les diverses questions liées à l’animal et de connaître le positionnement des politiques à leur sujet : leur avis sur l’élevage, les spectacles d’animaux, la chasse, etc.

Deuxième objectif :

Le deuxième objectif est de montrer que les ONG de protection animale sont crédibles et réfléchies, et non pas de doux rêveurs qui demandent la lune : les mesures proposées, bien que quelquefois très ambitieuses, sont concrètes et réalistes.

Troisième objectif :

Le troisième objectif, et pas des moindres, est de montrer que, face à la dégradation des conditions de vie des animaux libres ou captifs et au cynisme de certains décideurs (dont le discours varie, sans grande subtilité, selon l’audience qu’ils affrontent), nos organisations sont capables de travailler ensemble pour un objectif commun : améliorer les conditions de vie de tous les animaux, et porter des valeurs de respect et de justice au nom des citoyens qui les soutiennent.

Ce regroupement de nos forces, attendu à la fois par les citoyens sensibles à nos missions et par certains politiques, quelquefois perdus et se sentant peu épaulés lorsqu’ils tentent de défendre la cause animale, fait d’ores et déjà peur à certains. Rappelons-nous qu’il y a quelques mois (octobre 2016) certains sénateurs avaient fait la demande un peu farfelue d’ouvrir une commission d’enquête sur les « mouvements animalistes »

Au cours d’une conférence de presse, le 22 novembre 2016, le manifeste a été révélé aux journalistes en présence des deux députées initiatrices du projet et de quelques personnalités. Nous reproduisons ci-dessous le préambule du manifeste, et vous encourageons à prendre connaissance des 30 mesures en consultant www.animalpolitique.com.

Le manifeste est actuellement soumis aux divers candidats aux présidentielles. Leurs réponses et engagements seront bientôt mis à disposition sur ce site internet.

 

Préambule du manifeste

animal politique collectif ONGEn France, chaque année, plusieurs milliards d’animaux sont utilisés pour leur chair, leur peau, leur pelage ou leur plumage, pour l’expérimentation scientifique, l’enseignement, le divertissement, ou encore pour leur compagnie.

Les humains interagissent et partagent avec des millions d’animaux sauvages un même espace. Les animaux occupent une place essentielle dans notre société et notre quotidien. Cependant, leur intérêt propre est rarement pris en compte. Il est donc nécessaire que la valeur intrinsèque de l’animal, par ailleurs reconnue par l’Union européenne, guide nos comportements. La loi (article L. 214-1 du Code rural et article 515-14 du Code civil) reconnaît l’animal comme un être vivant doué de sensibilité. Pour autant, son statut juridique demeure insuffisamment protecteur et certaines espèces ne sont couvertes par aucune réglementation spécifique. Quant à la réglementation existante, même quand elle est appliquée, elle autorise encore des pratiques sources de souffrances pour les animaux.

Rappelons qu’aujourd’hui en France, les animaux d’élevage sont pour la plupart confinés tout au long de leur vie dans des cages ou des bâtiments fermés, dans des conditions non conformes à leurs besoins physiologiques et comportementaux. Près de 2 millions d’animaux sont réduits à l’état d’objet d’expérimentation. Corridas, combats de coqs, numéros de cirques et exhibitions zoologiques perdurent au nom de la tradition, en dépit de leur violence.

Même les animaux dits de compagnie ne sont pas épargnés : maltraitance, reproduction intensive, abandons (plus de 100 000 chaque année)... Les animaux sauvages pâtissent, quant à eux, de l’impact des activités humaines sur leur milieu tandis que la pêche et la chasse continuent d’être pratiquées comme loisirs.

Les organisations de protection animale, qui agissent au quotidien pour protéger et défendre les animaux, comptent de plus en plus de soutiens parmi les français. L’opinion publique s’exprime largement en faveur de la cause animale : interrogés en 2012 lors des précédentes élections présidentielles, 81% d’entre eux estimaient qu’il était important de protéger les animaux. Enjeu majeur et incontournable de société, la question de nos rapports aux animaux doit être enfin prise en compte dans les débats politiques. Il est du devoir de chaque acteur de la vie politique de s’engager à améliorer rapidement et durablement les conditions d’existence des animaux.

Sophie Hild

  1. Les membres du collectif Animal politique : Alliance Anticorrida, Antidote Europe, ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages), Association Stéphane Lamart, C’est Assez !, CIWF France (Compassion In World Farming), CNSPA (Confédération Nationale des SPA), Code Animal, CRAC Europe (Comité Radicalement Anti Corrida), FLAC (Fédération des luttes pour l’abolition des corridas), Fondation Assistance aux Animaux, LFDA (La Fondation Droit Animal, éthique et sciences), Fondation Brigitte Bardot, Fondation 30 millions d’amis, FUDA, IFAW France (Fonds International pour la Protection des Animaux), L214, OABA (Oeuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs), One Voice, PETA France (People for the Ethical Treatment of Animals), Pro Anima, Sea Shepherd, SNDA (Société Nationale pour la Défense des Animaux), la SPA (la Société Protectrice des Animaux), 269 Life France, WELFARM-Protection mondiale des animaux de ferme.

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