Bretagne : quelques bonnes nouvelles côté chasse

La lecture de la presse bretonne apporte de vraiment bonnes nouvelles qui nous font espérer un avenir meilleur.

De Ouest-France au Télégramme, les articles se multiplient et s’accordent sur un constat que nous qualifierons ici d’optimiste. Évidemment, tout dépend du point de vue, celui des chasseurs n’est pas le nôtre : il témoigne au contraire d’un pessimisme et d’une inquiétude sombres. Les titres des journaux sont explicites : « De moins en moins de licenciés », « Le nombre des chasseurs chute », « De moins en moins de fusils », « Chasseurs de moins en moins nombreux dans le département », « Diminution constante du nombre des adeptes », etc. Effectivement, les chiffres sont là, démonstratifs : telle fédération a perdu 40 % de ses membres en 10 ans et « la tendance devrait s’accélérer » au point d’évoquer un « gouffre », telle autre en compte 10 000 alors qu’elle en totalisait 30 000 il y a quarante ans. Tous les articles soulignent le vieillissement de l’âge moyen, et le désintérêt des jeunes : illustrant les articles, les clichés pris dans des assemblées générales sont révélateurs : cheveux blancs et crânes chauves sont en très large majorité. C’est cela précisément qui inquiète le plus, car moins de chasseurs signifie concrètement moins d’encaissement de taxes, donc au final diminution des moyens et du pouvoir de la Fédération nationale des chasseurs. De là les tentatives, assez vaines semble-t-il, de convertir la jeunesse pour assurer la relève, au moyen notamment d’interventions d’éducation à la nature dans les écoles, d’expositions d’empaillés, d’ateliers sur « les bienfaits de la biodiversité » ou sur « une nature plus diversifiée »…

La protection de la nature par les chasseurs c’est l’aménagement des terrains de chasse, l’élevage du « gibier », l’élimination des animaux concurrents.

Tentatives de façade, car chasseurs et signataires d’articles ne peuvent se départir de leur compréhension des équilibres de la nature, et leurs arguments constituent en réalité des aveux. En même temps qu’il est affirmé que « la chasse c’est la gestion de l’environnement » et l’expression d’une « passion pour la nature », il est dit aussi que « la plupart des chasses sont réalisées avec des lâchers d’animaux » (faisans et perdrix) effectués au prétexte de protéger la faune locale, parce que « le gibier sédentaire se fait plus rare », ainsi que les migrateurs, bécasses, canards, et ramiers. Autrement dit, la faune naturelle locale est en décroissance, et la passion pour la nature consiste à la remplacer par de la volaille élevée aux granulés. Et surtout, au travers de ces articles de presse, on note que persiste une totale méconnaissance des rôles relatifs des espèces dans l’équilibre général, notamment en ignorant (ou en omettant ?) le rôle régulateur essentiel que jouent les prédateurs. En témoigne l’affirmation appuyée que « la chasse a un objectif majeur qui est de détruire les nuisibles afin d’éviter les dégâts qu’ils peuvent causer », à commencer par « le renard et la sauvagine », avec une intensification du piégeage. Que l’on ne s’étonne pas ensuite de devoir recourir aux pesticides à destination des rongeurs débarrassés de leurs prédateurs naturels, empoisonnement chronique de l’environnement qui contredit la revendication affichée d’une chasse « protectrice de la nature ». Car la protection de la nature par les chasseurs c’est l’aménagement des terrains de chasse, l’élevage du « gibier », l’élimination des animaux concurrents. C’est investir pour le profit et la distraction. C’est exactement la même chose qu’augmenter le nombre de strapontins d’un terrain de football, repeindre les vestiaires, soigner la pelouse, et acheter un ballon neuf.

Allons, encore un peu de patience. La dernière cartouche de chasse sera tirée avant 20 ans par l’ultime chasseur. Le malheur est que la victime sera peut-être le tout dernier lièvre, ou la dernière bécasse.

Jean-Claude Nouët

Article publié dans le numéro 94 de la revue Droit Animal, Éthique & Sciences.

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