Marie Pelé et Cédric Sueur, L’Harmattan, 2017
L’éthique animale avait à l’origine deux définitions : la première renvoyait à « l’études des actions morales […] à l’œuvre dans le monde animal », la seconde à « l’étude de la conduite qui, au sein de chaque espèce, est considérée comme “relativement bonne” » (Jeangène Vilmer, 2011). La seconde définition impliquant l’étude de la responsabilité morale des humains à l’égard des animaux, est celle qui s’est finalement imposée au XXe siècle, et c’est celle-là que nous retiendrons ici, car c’est celle que Marie Pelé et Cédric Sueur aborde dans leur ouvrage.
On entend beaucoup parler des questions relatives aux animaux. En effet, il y a un intérêt croissant pour le sort qui leur est réservé, qu’ils soient domestiques ou sauvages, captifs ou libres, car l’humain a un impact indéniable sur l’ensemble des populations d’animaux. A l’heure de la sixième extinction de masse des espèces et du réchauffement climatique, de la possibilité d’avoir accès à une multitude d’informations via Internet et les réseaux sociaux, notamment sur le traitement des animaux, la société a de plus en plus conscience des effets de l’activité humaine sur la planète et ses habitants. Le nombre d’organisations de protection animale s’accroît d’année en année et les médias se délectent des informations sur le bien-être animal, la maltraitance, les droits des animaux ou encore les régimes alimentaires sans viande.
L’éthique animale est à l’origine des nombreuses questions qui ne sont pas nouvelles mais qui sont fréquemment posées à notre époque : « L’homme a-t-il des devoirs envers les animaux ? L’empathie de l’homme doit-elle s’arrêter aux frontières de sa propre espèce ou doit-elle être étendue à d’autres espèces animales ? L’homme doit-il mettre des limites à l’exploitation des animaux ? Est-il légitime d’utiliser les animaux sans tenir compte de leurs intérêts propres ? Les animaux doivent-ils se voir attribuer des droits voire même une personnalité juridique ? », demande Jean-Marc Neumann, juriste et chargé d’enseignement en droit animal, dans la préface de l’ouvrage.
En tenant compte de ces questions, les auteurs, éthologues et primatologues, créateurs de l’unité d’enseignement Éthique animale à l’université de Strasbourg, ont organisé avec leurs étudiants un cycle d’une dizaine de conférences-débats autour de l’éthique animale, qui sont retranscrits dans leur ouvrage. Les divers sujets traités vont de l’impact de la population de chat domestique sur la biodiversité à l’euthanasie d’un animal, en passant par la captivité des cétacés, le droit de l’individu ou le droit de l’espèce, l’attribution du statut de « personne » juridique aux grands singes, la possession de l’animal de compagnie, notre lien culturel à l’animal, le transanimalisme, la « destruction » des animaux « nuisibles », ou encore les questions d’élevage et d’abattage des animaux.
La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences (LFDA) avait assisté à ce cycle de conférences-débats organisé par l’un des membres de son comité scientifique, et y avait même participé via Florian Sigronde, ancien chargé de mission pour la Fondation, sur la captivité des cétacés.
Sur la forme, les élèves posent des questions liées au sujet à deux ou trois intervenants qui sont chargés d’éclairer le débat et de développer l’esprit critique du public (et des lecteurs). Les modérateurs et le public peuvent également intervenir. Ainsi, le texte est plutôt un langage parlé, ce qui peut parfois entraîner quelques confusions, mais qui rend la lecture abordable et vivante.
Les débats présentés dans ce livre permettent d’ouvrir son esprit à l’éthique animale et de mettre en lumière les enjeux pour la société future, qui grâce à ces questions renforcera peut-être sa considération pour l’animal et la biodiversité sur le plan juridique.
Article publié dans le numéro 97 de la revue Droit Animal, Éthique & Sciences.