Le transport maritime d’animaux vivants fait souvent parler de lui. On ne compte plus les désastres ayant provoqué une souffrance inacceptable voire la mort des animaux transportés. C’est encore le cas en ce début d’année 2021.
Un drame de plus en mer. Cet hiver, le transport d’animaux vivants a encore fait parler de lui. Nous avons beau avoir l’habitude, les faits sont toujours effroyables. Il s’agit en l’occurrence de deux navires bétailler partis d’Espagne direction la Libye et la Turquie, avec à leur bord, des jeunes bovins. Pour des raisons sanitaires, les navires n’ont jamais pu accoster et ont erré des semaines en mer. Comment l’Union européenne peut-elle permettre une chose pareille ?
Au départ, 895 bovins âgés de sept à huit mois ont été embarqués à bord du Karim Allah et 1 776 à bord de l’Elbeik. Les bateaux ont pris le large le 18 décembre 2020. Provenant d’élevages de la région d’Aragon, où la fièvre catarrhale, aussi appelée maladie de la langue bleue, a été détectée dans quelques fermes. Les navires se sont vus refuser l’entrée au port de destination dans un pays du Moyen-Orient à leur arrivée le 10 janvier 2021. Les autorités auraient eu peur de la propagation du virus, alors que les animaux à bord n’étaient semble-t-il pas infectés. À partir de là, des semaines d’errance en mer s’ensuivent. Les navires auraient tenté de rejoindre plusieurs ports méditerranéens mais n’ont généralement pas reçu le droit d’accoster.
Le 26 février, le Karim Allah a pu accoster au port de Carthagène en Espagne. Retour à la case départ ou presque. Les animaux ont été examinés par les autorités vétérinaires espagnoles qui ont décrété que les jeunes bovins n’étaient plus en mesure d’être transportés, que ce soit par mer ou par route. Les animaux ont finalement été débarqués le 6 mars après avoir passé 79 jours à bord. Ils ont été immédiatement euthanasiés.
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Quant à l’Elbeik, il a accosté au port de Carthagène le 18 mars, après trois mois en mer. Le maître d’équipage a déclaré que 179 bovins étaient morts en cours de trajet et leurs corps ont été jetés par-dessus bord. Dix cadavres supplémentaires ont été évacués au port. Les services vétérinaires ont alors dépeint un tableau abominable de l’état des animaux à bord : animaux cachectiques, en déshydratation, certains en état de léthargie, incapables de réagir à un stimulus… Les autorités espagnoles ont ordonné l’euthanasie des quelques 1 600 animaux encore vivants le 25 mars.
Ce scandale qui a entrainé de grandes souffrances physiques et psychologiques pour 2 671 jeunes bovins intervient alors que le Parlement européen a établi une commission d’enquête parlementaire sur le transport d’animaux vivants qui suit son cours pour un an depuis octobre 2020. Il sera une preuve de plus, s’il en fallait, que la réglementation européenne n’est pas respectée et n’est pas suffisante pour assurer la protection des animaux transportés par voie maritime. Sans compter qu’à date de rédaction de cet article, un nouveau scandale éclate avec plusieurs navires bétailler transportant notamment des moutons coincés en direction du canal de Suez, lequel est bloqué par un porte-conteneurs qui s’est mis de travers. Heureusement, la Commission européenne s’est engagée à réviser le règlement sur la protection des animaux pendant le transport.
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Le transport de viande et de carcasses devrait se substituer au transport d’animaux vivants. La LFDA a interpellé la Commission européenne au mois de mars pour lui faire part de cette demande et la presser d’agir pour ces 2 671 bovins. Même si ce genre de désastres arrive trop souvent, on ne se résoudra jamais à s’y habituer et nous continuerons à nous battre pour que des animaux n’en pâtissent plus.
Nikita Bachelard