Le gouvernement veut sédentariser les cirques

L’itinérance des animaux sauvages dans les cirques n’est pas le seul problème que pose cette activité à l’égard de leur bien-être. Sédentariser les cirques ne résoudra pas les problèmes liés au dressage, à la captivité ou au stress des spectacles.

cirque

Il y a un an, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili annonçait une série de mesures à venir en faveur des animaux sauvages détenus en captivité. Parmi ces mesures fortes annoncées et attendues : l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques. Cependant, aucun texte réglementaire n’est venu concrétiser cette annonce à ce stade. En outre, le ministère ne semble s’intéresser qu’à la notion d’itinérance, qui n’est pourtant pas le seul facteur impactant le bien-être des animaux dans ces établissements. Notre crainte est que les cirques se sédentarisent, tout en conservant dressage, spectacle et hébergement étriqué.

L’itinérance, seul facteur de mal-être des animaux sauvages dans les cirques?

L’itinérance est-elle la seule caractéristique du cirque ? Si de nombreux cirques traditionnels sont itinérants, ce n’est pourtant pas un critère sine qua non. Le cirque d’hiver Bouglione est un exemple d’établissement fixe qui reste dans les locaux parisiens du cirque d’hiver toute l’année. Depuis peu, il ne présente plus d’animaux sauvages. D’autres parcs hébergent des cirques permanents, parfois avec des animaux sauvages. Le Parc Saint-Léger, ancien Parc des Félins, se veut « parc animalier » mais propose des activités de cirque traditionnel, comme des spectacles de fauves et de lémuriens. La famille qui l’exploite est issue du monde du cirque et a eu un établissement itinérant avant de se fixer à Saint-Léger-en-Bray. Le gérant est l’ancien propriétaire de Baby, une éléphante qu’il a promené sur les routes et sur la piste aux étoiles pendant des décennies.

Pour le ministère, seule l’itinérance semble poser problème pour les animaux dans les cirques. Il est certain que le transport des animaux est un important facteur détériorant le bien-être des animaux sauvages. L’hébergement très étroit lié à l’itinérance est un élément majeur de souffrance. Mais ce critère ne doit pas occulter d’autres facteurs tout aussi dommageables pour les animaux. Le dressage, imposant des comportements, dont certains contre-nature, aux animaux d’espèces sauvages, est un problème indépendant du transport. Idem pour les spectacles à répétition, qui impliquent bruits de la foule, musique et jeux de lumière. La présence sur un même espace de nombreuses espèces différentes qui ne se côtoieraient pas dans la nature, et dont certaines sont carrément proies-prédateurs, est également une problématique indépendante de l’itinérance. Ce sont autant de problèmes que les ONG de défense des animaux ont largement documenté et porté à la connaissance du ministère.

Une fausse bonne solution

La décision du gouvernement de se baser uniquement sur l’itinérance n’est pas une bonne solution pour les animaux. Cela permet aux cirques de perpétuer leur activité en s’installant à un endroit pour de bon. Le gouvernement voit dans ce moyen une solution pour les animaux qui ne peuvent pas tous être déplacés dans des refuges, le nombre de place étant limité par rapport au nombre d’animaux à sauver des cirques en France. Mais cela ne résout en rien toutes les atteintes au bien-être des animaux sauvages présents dans les cirques.

La LFDA et les autres ONG avaient alerté le ministère sur toutes ces problématiques et fait des propositions raisonnables : permettre aux cirques avec animaux sauvages une transition tout en interdisant immédiatement la reproduction des animaux, afin de réduire progressivement le nombre d’animaux. Sur la reproduction, nous attendons encore la décision du ministère. En outre, nous avons aussi invité le gouvernement à se pencher sur la création de refuges pour y placer le plus d’animaux possibles.

Conclusion

Il est à craindre que la captivité des animaux sauvages à des fins de spectacles ait encore de beaux jours devant elle. En dehors des problématiques de bien-être évoqué, des problèmes d’ordres pédagogique et éthique viennent peser un peu plus dans la balance en faveur d’une interdiction des spectacles avec animaux sauvages. Autant d’argument que le gouvernement semble balayer d’un revers de main…

Nikita Bachelard

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