Tribune : « La future présidence saura-t-elle tirer les leçons de la grippe aviaire et du Covid-19 ? »

Le 14 mars 2022, les ONG partenaires de la campagne Engagement Animaux 2022 signent une tribune dans Libération pour demander aux candidats à la présidentielle de s’engager sur des mesures visant à limiter les risques liés aux zoonoses, telles que la grippe aviaire et la Covid-19. La prise en compte de la relation entre la santé animale, humaine et celles des écosystèmes est impérative. La ou le futur Président de la République saura-t-il enfin s’emparer de ce sujet ?

Dans une ferme de canards du Lot-et-Garonne. (Alain Pitton /NurPhoto. AFP)
© Alain Pitton / NurPhoto – AFP

Lien vers la tribune sur le site de Libération

Le ministère de l’Agriculture a annoncé le 11 mars que près de 650 foyers de contaminations de grippe aviaire ont été identifiés dans le pays, et que des millions de volailles seraient abattus dans le Grand Ouest dans un proche avenir. Présentée comme la pire vague enregistrée ces dernières années, l’épidémie actuelle de grippe aviaire due au virus H5N8 inquiète les éleveurs comme les autorités. Le ministère de l’Agriculture a peu à peu renforcé ses mesures, à tel point qu’elles sont devenues extrêmes. Ainsi, outre la claustration permanente des animaux, leur abattage en masse demeure la solution privilégiée par les pouvoirs publics. À ce jour, 3,5 millions de volailles ont été abattues dans le Sud-Ouest durant cette crise. Ce chiffre effraie d’autant plus que nombre de ces animaux étaient en bonne santé : ils ont été tués de manière préventive.

Ces mesures sont principalement justifiées par les autorités en raison des risques que cette épidémie présente pour la santé humaine. En effet, la grippe aviaire n’est pas seulement transmissible entre animaux ; elle l’est aussi aux humains et peut être à l’origine d’une nouvelle pandémie.

Une réalité devenue préoccupante

Cependant, les mesures prises par le ministère de l’Agriculture ne sont en aucun cas une solution de moyen ou long terme, à même de prévenir les risques de maladies infectieuses émergentes. L’intensification de l’élevage (fortes densités d’animaux dans les bâtiments, transports répétés d’une région à l’autre, multiples manipulations par les humains, etc.) et, le cas échéant, l’installation d’élevages sous des couloirs de migration d’espèces sauvages, augmentent le risque d’apparition des zoonoses, de contaminations à grande échelle, et même celui de contamination humaine. Lors de la précédente épidémie de virus H5N8 en 2017, l’ANSES avait par exemple identifié les activités humaines comme ses causes principales.

Les maladies infectieuses d’origine animale sont une réalité devenue préoccupante : elles exigent une prise de conscience et une gestion adaptée des pouvoirs publics. Plus de 70% des maladies infectieuses émergentes en santé humaine sont d’origine zoonotique selon l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). La destruction des habitats de la faune sauvage, le développement du commerce des animaux sauvages, légal et illégal,  la perte de biodiversité, alliés à l’accroissement de l’élevage intensif, sont autant de causes qui constituent un danger sérieux. D’après les experts dans un rapport de l’IPBES “des pandémies futures vont apparaître plus souvent, se propageront plus rapidement, causeront plus de dommages à l’économie mondiale et tueront plus de personnes que la COVID-19, à moins que l’approche globale de la lutte contre les maladies infectieuses ne soit modifiée.”

Le collectif appelle les candidats à s’engager

Il est urgent d’avoir une approche préventive quant à la gestion de risques pandémiques. La plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a estimé que 1,7 millions des virus non découverts à ce jour, sont présents chez les mammifères et les oiseaux. Parmi ceux-ci, 540 000 à 850 000 auraient la capacité d’infecter les humains. Les pandémies et maladies infectieuses émergentes coûteraient mille milliards de dollars US par an aux gouvernements dans le monde. Les stratégies de prévention de ces maladies, comme l’approche One Health ou la réduction du commerce d’animaux sauvages, ont un coût estimé à 22 – 31 milliards de dollars US. Dans une note récente, le conseil scientifique du Covid 19 insiste aussi sur l’importance d’une démarche “One Health”.

Les systèmes d’élevage doivent donc évoluer : enfermer et entasser les animaux dans des bâtiments, voire des cages, ne protègera ni leur bien-être ni la santé humaine. Le bien-être animal, et par voie de conséquence la santé humaine, ne seront durablement préservés qu’à partir de l’instant où les animaux seront élevés dans des conditions respectueuses des besoins physiologiques et comportementaux de leur espèce, en ayant notamment accès au plein air. 

Les 29 ONG d’Engagement Animaux 2022 appellent les candidats à l’élection présidentielle à s’engager sur des propositions concrètes pour limiter efficacement les risques liés aux zoonoses : 

  • Mettre fin à tout élevage en cages au profit de l’élevage avec accès au plein air d’ici 2027.
  • Intégrer aux formations initiales et continues de tous les professionnels concernés la reconnaissance des animaux en tant qu’individus sensibles, la connaissance du lien entre les violences animales et humaines et les enjeux d’Une Seule Santé et de préservation de la biodiversité.

A propos d’Engagement Animaux 2022 : Engagement Animaux 2022 rassemble 29 ONG de protection animale. Dans le cadre de la campagne électorale 2022, nous demandons à l’ensemble des candidats à la présidentielle de s’engager sur 22 mesures concrètes et prioritaires pour améliorer la condition animale lors du prochain quinquennat. Retrouvez nos propositions et les engagements des candidats sur www.engagement-animaux.fr

les signataires :

La Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences (LFDA) – CIWF France – Welfarm – OABA – Fondation Brigitte Bardot – La SPA – La Confédération nationale défense de l’animal – QUATRE PATTES France – Le Chien mon ami – One Voice – Animal Cross – Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) – AVES France – Code Animal – C’est assez ! – APRAD – Association de lutte contre la maltraitance animale et humaine (AMAH) – Société nationale de défense des animaux (SNDA) – Convergence Animaux Politique (CAP) – Humanisma – Education éthique animale – Comité scientifique Pro Anima – Antidote Europe – ADOCMU – FLAC – CRAC Europe – ACTA Gironde – Convention vie et nature.

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