Le respect de la faune sauvage : un impératif pour la biodiversité, un enjeu pour l’humanité (2021)

Intervention de Gilles Boeuf, biologiste et ancien président du Muséum d’Histoire naturelle.

© Gabriel Legros
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Gilles Boeuf

Bonjour à tous et merci à mon ami Louis de m’avoir invité à cet événement. Cela fait assez longtemps que je suis la revue de la Fondation. Je pense, comme Louis, que cette cause animale est vraiment quelque chose d’extrêmement important à défendre.

Vous allez voir que je ne vais pas rester uniquement sur le monde animal parce que les animaux dépendent, comme nous tous, de tout ce qui est autour. On parlera donc un petit peu aussi de plantes, de champignons, et même de protistes et de bactéries.

Je vais démarrer mon histoire en vous expliquant ce que sont les écosystèmes. La vie sur Terre est à peu près datée, dans les gisements du Groenland, à 3,85 milliards d’années. On n’a pas de fossiles mais on a des traces d’activités biologiques : on y trouve du carbone d’origine organique. La vie démarre par des cellules qui sont proches de ce que l’on appelle aujourd’hui les cyanobactéries. Je vais vous présenter deux écosystèmes parmi les plus riches en nombre d’espèces ramenées à la surface. D’abord, la forêt tropicale humide, ici en Guyane, un morceau de France où on peut avoir 30 000 espèces au kilomètre carré, dans les sols, la végétation, la canopée… Dans les collections de cette grande maison du Muséum national d’Histoire naturelle, que j’ai présidé, plus de la moitié de ce qui est vivant vient des forêts tropicales humides. Par exemple, il y a plus d’oiseaux sur un kilomètre carré de Colombie que dans toute la France. On y trouve des zones extrêmement riches : les megadivers ou les hotspots. L’équivalent marin est le récif corallien. Le deuxième écosystème est aussi en France, en Nouvelle Calédonie. On détecte 5 000 à 6 000 mille espèces au kilomètre carré. Il y a déjà beaucoup moins d’espèces connues dans l’océan que sur les continents. Par exemple, avec 500 espèces de poissons sur un kilomètre carré de récif calédonien, il y en a plus que dans toute la France. Sur le récif du Grand Sud, on a 500 espèces de coraux différents sur un carré d’un kilomètre.

Un écosystème, c’est une construction d’êtres vivants qui se sont associés pour construire quelque chose, sur de la géologie antérieure, qu’on appelle la géodiversité. N’oubliez jamais que le vivant n’est pas apparu comme ça. Il s’est construit sur ce qu’on appelle une chimie prébiotique, qui est une chimie d’avant la vie, avec de l’eau liquide. Aujourd’hui, on a une réponse du monde minéral au monde vivant par le fait que sur les 5 000 espèces de minéraux connues, les deux tiers n’existeraient pas sans la vie. Il existe une communion incroyable depuis le début entre cette terre qui se refroidit, et qui garde son eau liquide, et ce monde vivant.

J’ai choisi d’illustrer les animaux avec notamment un limicole, un orang outan de Bornéo, une jolie petite tortue, et enfin un papillon photographié par ma petite fille dans les Pyrénées. On pourrait prendre des photos à l’infini. Aujourd’hui, il y a 2,4 millions d’espèces connues sur la Terre, dont 1,3 millions d’animaux.

 Mais globalement, c’est quoi le vivant ? En préparant ma conférence, j’ai beaucoup hésité sur « qu’est-ce qu’un animal » ? Je prendrai le cas des tardigrades, mais d’abord, les bactéries. Nous sommes une planète de bactéries. Tous, ici, dans la salle, vous avez sur vous plus de bactéries que de cellules humaines.  Nous sommes un monde bactérien, tout le temps, partout. Si jamais il y a un désordre de communication entre nos cellules humaines, nos globules rouges, nos neurones du cerveau, nos cellules musculaires, nos adipocytes – qu’on n’aime pas trop – avec ces bactéries, ça va mal. C’est l’obésité, c’est le diabète du type 2, c’est la maladie d’Alzheimer, c’est aussi bien sûr l’hypertension artérielle. Et le petit Covid avec ses 15 gènes, c’est ce qu’il cible ! Il révèle vraiment nos fragilités, chez ces gens qui ont déjà des désordres de relations entre leur symbiote interne et leurs cellules humaines. Est-ce qu’on saura tirer parti de tout cela ? Je le croyais en 2020, j’en suis de moins en moins sûr.

Ensuite viennent les protistes. On les connaît moins les protistes, et pourtant ils sont essentiels. Il n’y aurait pas de Français sans protistes ! Pourquoi ? Parce que les protistes, ce sont d’abord ces microalgues du phytoplancton qui produisent plus de la moitié de l’oxygène sur Terre. On parle des parcs et des forêts, mais il y a surtout le phytoplancton. Ces protistes en photo, ce sont des dinoflagellés ramenés durant la campagne « Tara océans » en 2012. Les protistes, c’est aussi les levures. Vous imaginez un français sans pain ? Sans vin ? Sans fromage ? Sans bière ? Les protistes sont partout. Ils sont tellement indispensables. Nous ne mangeons que du vivant et ne coopérons qu’avec du vivant !!

Après, plus connus, viennent les champignons et les plantes, et puis bien sûr les animaux. J’ai pris un tardigrade parce que c’est un de mes chouchous. Il est incroyablement résistant à des conditions extérieures qui varient. C’est tout petit ! Ça fait entre 0,5 et 1,5 millimètres. Merveilleux animal. Il survit dans de l’hélium liquide, à quelques degrés Kelvin[1] ! Il peut franchir le vide intersidéral, il peut vivre sans oxygène pendant longtemps… Quand on le déshydrate, il n’aime pas trop ça. Il perd sa tête, il perd ses pattes, et puis il tient… un siècle. Si on le remet dans de l’eau, il y refait des pattes et une tête, et s’il trouve une femelle, il fait des petits tardigrades. C’est ça la magie de ces bestioles qui sont incroyablement adaptables. Alors, quand on me parle d’inhabilité de la terre… pour qui ?

Et puis je vous ai mis au milieu un blob. Il fait couler beaucoup d’encre en ce moment. Ce n’est ni un animal, ni une plante, ni un champignon, ni une bactérie. On ne sait pas trop où le mettre. C’est un myxomycète. C’est une grosse cellule qui peut aller jusqu’à plusieurs mètres carrés, avec une infinité de noyaux. Il fait un truc génial : il trouve toujours le chemin le plus court, le plus vite possible. Thomas Pesquet en a monté un dans l’ISS[2]. J’étais avec lui en visioconférence il y a quelques mois au Cnes[3] à Toulouse, et on avait avec nous 4 500 enfants de classes de France qui élèvent un blob. Et vous allez voir comme c’est curieux, le biologique, avec ses réactions toujours complètement contre intuitives. Qu’est-ce qu’on donne à manger à un blob ? Des flocons d’avoine. Ils aiment bien ça. Une petite fille me dit : « Mon blob, moi, il devient tout marron, ça va pas. » Je lui dis : « Il est malade, ton blob, comment tu le nourris ? » Elle me répond : « Avec des flocons d’avoine et je lui donne du bio. » Et bien le bio, ça rend malade le blob. C’est super intéressant. Et on peut comprendre pourquoi, scientifiquement, bien sûr. Les clins d’œil du vivant sont partout.

Je vous ai mis le petit dernier, le coronavirus Sars-CoV-2. Alors je vais être formel ici, il vient d’une chauve-souris de l’Est de la Chine, le Rhinolophus affinis. Or, à Wuhan, d’où est partie la maladie, il n’y en a pas. Donc quelqu’un est bien allé la chercher à 1 500 kilomètres de là, pour la faire passer soit par un marché, soit par un laboratoire, peu importe finalement. Les chauves-souris forment 1 400 espèces. Quand on me dit qu’il faut les éradiquer… Imaginez, un peu, 1 400 espèces ? Dans ce cas-là, on se dessine une magnifique cible sur le ventre, parce que les virus, eux, ils ne vont pas manquer de changer d’espèce. Ils ont réussi une fois à passer à l’humain, ils continueront. Laissons les tranquilles ces chauves-souris, laissons-les dans leurs grottes !

L’humain adore classer. La nature, elle, ne classe rien du tout. Mais nous, on ne comprend rien si on ne classe pas, donc on a classé, depuis ces cyanobactéries, qu’on a vues, jusqu’aux animaux. Et l’humain est là quelque part. On connaît 2,4 millions d’espèces. Il y en a combien en vrai ? Peut-être 20 millions. Donc 20 moins 2, ça fait 18 millions d’espèces inconnues. Depuis 20 ans, on décrit entre 16 000 et 18 000 espèces nouvellement connues par an. Il nous faudra donc mille ans pour simplement décrire ce qui est encore avec nous, avec nos techniques actuelles. Mais on n’aura pas le temps, parce qu’à la vitesse à laquelle on dégrade la vie, la moitié sera partie à la fin de ce siècle. Voilà le défi qui nous est lancé aujourd’hui, à nous tous.

On sort du colloque de l’UICN[4] en septembre 2021, qui était dédié aux vivants, à la biodiversité, avant la COP15 biodiversité qui aura lieu en Chine dans quelques mois. On y était avec Hélène [Soubelet], avec Allain [Bougrain-Dubourg] et beaucoup de monde à Marseille. Qu’est-ce qu’on en conclut finalement ? On se rend compte que sur les dix dernières années écoulées, on a parlé 8 fois plus du climat que de la biodiversité. La première des choses, quand on parle du climat, c’est aussi de parler du vivant car c’est le même combat, même si ce n’est pas toujours lié – peu importe. Il faut parler beaucoup plus du vivant. L’enquête dont nous a parlé Louis m’intéresse beaucoup. Je comprends qu’il y ait un émoi chez les concitoyens pour sauver les animaux aux beaux yeux bleus et aux grands cils, ça c’est clair. Par contre, la limace des Bermudes ou le tardigrade des Galápagos, tout le monde s’en fout. C’est pour ça aussi qu’il faut revenir à ce qu’est l’animal et comment on le prend en considération. En conclusion : « Science is very clear. » On était 1 400 scientifiques. Cette nature, ce vivant, nous sommes en train, systématiquement, de l’abimer, de le dégrader, de le détruire ! Il est fondamental que l’on change.

Le dernier travail publié par l’IUCN en France, disponible depuis quelques semaines, c’est une cartographie de 13 ans d’évolution du vivant en France métropolitaine et dans les territoires d’outre-mer. En rouge : ça ne se passe pas très bien. Tout à l’heure, on a parlé des oiseaux, Louis a parlé aussi des mammifères, et des poissons, bien évidemment… ça part un peu partout. Le clin d’œil intéressant de la 7ème conférence plénière de l’Ipbes[5] du 29 avril 2019, c’était que la biodiversité se dégrade partout mais moins dans les territoires gérés par des populations autochtones. C’est intéressant car ça veut dire qu’il y a des humains capables de mieux prendre en considération cet effondrement. Je ne parle pas de crise d’extinction, je ne pense pas qu’on en soit arrivé là. On serait plutôt sur un effondrement du nombre d’individus des populations sauvages. On explose en nombre d’animaux domestiques, et on effondre le nombre d’animaux d’espèces sauvages.

Il y a 10 ans, les géologues se sont demandés si on mettait en place aujourd’hui les conditions d’une nouvelle crise d’extinction. On en connaît 60 depuis 800 millions d’années, dont cinq majeures. Est-ce qu’on est en train de créer les conditions de la sixième crise ? On détruit, on pollue, on surexploite, on dissémine tout partout, et le climat change trop vite. C’est le débat. C’est ce qui nous est lancé aujourd’hui en discussion préalable à ce colloque, en s’intéressant peut-être plus à ce qu’on appelle les animaux.

L’animal est pluricellulaire. Ses cellules ont un noyau. J’ai bien aimé le mot de Louis sur la sensibilité et sur la conscience. On en a beaucoup parlé. Quand commence la conscience ? Chez les animaux, on la met chez les rongeurs. On trouve aussi des choses chez les oiseaux qui sont extraordinaires, chez les poissons aussi. Je veux dire une chose très claire : aucune espèce vivante qui nous accompagne encore aujourd’hui n’est stupide. Sinon, elle ne serait plus là depuis très longtemps. Arrêtons de les prendre pour des abrutis. Nous sommes, nous, humains, pas du tout au centre de la création, et le respect profond qu’on leur doit est absolument fondamental.

C’est quoi la biodiversité ? Pour y répondre, je montre souvent cette image d’exposition du Muséum en février 2014 [des crabes de formes et couleurs diverses]. On a fait un grand trou dans le sable, personne n’avait jamais fait ça, et on a trouvé des espèces qui n’étaient pas connues parce qu’on est allé les chercher. Ça va vous séduire car j’ai pris les jolies photos. Quand je montre ça, on me dit « Professeur, on va vous aider à sauver la biodiversité ». Mais la biodiversité, ce n’est pas que ça. La biodiversité c’est ça aussi [images d’animaux aux formes moins attractives]. Et alors là, ça change tout. « Attends, Gilles, on n’a pas beaucoup de sous, on va t’aider à sauver le beau crabe aux yeux bleus, c’est clair, mais le machin à gros nez, ou le truc en bas avec des dents bizarres… » Mais ce truc en bas avec des dents bizarres s’appelle le rat taupe nu. Il vit dans des terriers au Kenya et en Éthiopie. On a découvert il y a maintenant une vingtaine d’années qu’il ne développe jamais de cancers. Et du jour au lendemain, il est devenu le sauveur de l’humanité. Vous voyez, il n’est pas question de beau ou de moche….

La biodiversité, finalement, se trouve aussi dans votre lit le matin. Vous montrez aussi votre indignité avec le vivant parce que vous avez dormi dedans. Que vous dormiez tout seul ou à deux, vous avez entre un et deux millions d’acariens. Ils mangent vos poils, vos cheveux, les cellules de la peau qui se desquament… C’est ce que mangent les acariens. Un petit garçon m’a dit récemment qu’il trouvait ça dégoûtant, mais en voyant que j’aimais bien les acariens, il m’a dit qu’il avait peur de les écraser en se couchant. Attendri, je l’ai rassuré en disant qu’il n’y avait rien à craindre, qu’ils sont trop petits. Même des trucs qui sont super moches – avec nos critères à nous bien entendu – peuvent nous toucher.

Voici une photo de nourriture pour illustrer la biodiversité [Pain, vin, saucisson]. Croyez-moi, ça marque beaucoup plus qu’une collection de papillons ou des photographies d’oiseaux. Vous ne mangez que cela et vous ne coopérez qu’avec cela. Mais on l’a oublié. J’organise une conférence qui s’appelle « L’humain a-t-il oublié qu’il était vivant ? ». Et bien oui. Vous vous rappelez que vous êtes vivant quand vous êtes malades ou quand vous souffrez ! C’est dramatique que l’humain ait oublié ce qu’il est.

Comment est-ce que l’humain a représenté cette diversité biologique ? Les dessins de la grotte de Chauvet datent de 37 000 ans. Qui dessine comme ça ? Et surtout, à quoi ça sert de faire ça ? À rien ! Mais c’est génial. L’humain, c’est d’abord un être vivant qui a une spiritualité extrêmement importante et qui aime faire ça. Ça lui donne du plaisir, c’est fondamental.

Quand on regarde la courbe de la démographie humaine, elle n’a diminué que deux fois, à chaque fois c’est pour des maladies infectieuses et non pas pour des guerres ou du terrorisme. Le seul outil de l’humain, c’était le biface[6] pendant trois millions d’années. On ne faisait pas beaucoup de mal à la faune sauvage avec ça. Après, il y a eu la créativité de l’humain avec sa technologie. On a fait des routes, on a inventé la roue, on a inventé l’arme de jet. Catastrophe pour le vivant. Ce vivant qui nous intranquillisait est devenu intranquille. On les tue à distance : l’arc et la flèche, les propulseurs et la lance, puis un peu après les armes à feu au XIIIe siècle. Ça va tout changer. On le voit sur cette courbe avec en vert le vivant, qui s’écroule depuis 20 000 ans, surtout des animaux sauvages vertébrés, alors qu’en bleu, ce sont les animaux domestiques, et en rouge, ce sont les humains, qui explosent. On est dans la grande accélération de l’hyperproduction animale en captivité : les chiens, les chats, les canards, les cochons, les poulets, les vaches, les chevaux… et le vivant sauvage s’en va. Le climat change, ce qui n’arrange pas le système.

Je conclus sur cette question : pourquoi avons-nous besoin de la biodiversité ? La biodiversité est la réponse aux changements environnementaux, d’origine humaine ou non. Nous sommes le vivant, nous-mêmes. Chaque fois qu’on l’agresse, on s’agresse. Une grande biodiversité augmente la productivité naturelle, c’est flagrant. C’est également une barrière face aux espèces invasives. Elle a un rôle de base dans les grands équilibres de la nature. Elle permet une gestion intelligente et pertinente des ressources pour un « développement durable ». Il y aussi un aspect éthique. Pourquoi est-ce que l’on ferait disparaître les éléphants d’Afrique ou la grande baleine bleue ? Et c’est bien sûr une valeur économique : 40 % de tous les revenus financiers de la planète viennent de la biodiversité. Et puis c’est aussi du biomimétisme et de la bioinspiration – je vous en parlerai peut-être une autre fois…

Que prévoir à long terme ? Comment est-ce qu’on va réagir face aux questions de climat, d’accès à l’eau, de déchets divers et variés, de stockage du CO2… C’est très important. Ma conclusion, c’est de vous montrer les avantages du vivant par rapport à ce qui est fait dans nos économies, aujourd’hui. Le vivant innove en permanence, pour tous, y compris pour les gilets jaunes – ce qu’on ne fait pas, nous. Le vivant fait tout avec une énorme parcimonie d’énergie. La libellule, qui est une de mes préférées, vole à 80 km/h avec 2 watts ! Elle encaisse 30 g[7] en accélération. Un pilote de guerre, est déjà mal avec 6 g. Et ça marche depuis 300 millions d’années. Au lieu de faire des parkings sur des mares ou d’y mettre des pesticides, allons voir comment font nos libellules. Le vivant fait tout avec des produits très simples, très abondants, dans des conditions ambiantes classiques de température et de pression. Le vivant travaille dans ces conditions, avec beaucoup de parcimonie pour les éléments rares.

Ma conclusion, c’est qu’il faut stopper notre économie actuelle délirante, suicidaire et stupide qui consiste à faire du profit en détruisant ou surexploitant cette nature, cette biodiversité et ces animaux. La résistance sert au départ à résister à un trauma, à un stress, mais on ne peut pas résilier si on est mort… Il faut résister et revenir à un état plus ou moins proche de l’antérieur. Lisez notre ami Boris Cyrulnik.

Je finis par deux philosophes. Sri Aurobindo disait en 1915, alors qu’il n’y avait ni écologie, ni écologisme : « L’Homme ne peux plus désormais supporter le développement gigantesque de la vie extérieure sans un changement intérieur. » Il est un des grands penseurs indiens. « Si l’humanité veut survivre, ajoute-t-il, une transformation radicale de la nature humaine est indispensable. » Vous savez ce que c’est, pour un biologiste ? Ça s’appelle une métamorphose.

Je termine avec mon ami Edgar Morin qui vient d’avoir un siècle. Il a eu 100 ans le 8 juillet 2021. Pour lui, la Terre est comme un vaisseau spatial à quatre moteurs. C’est d’abord la science, pas les opinions, ensuite la technique, qu’on a évoquée, puis l’économie, et enfin le profit – à condition qu’il ne soit pas construit sur la destruction du bien commun, bien entendu. Il dit aussi que le probable est inquiétant et même catastrophique. Il dit aussi que ce probable ne s’est pas produit parfois au cours de l’histoire de l’humanité. Le futur n’est jamais joué. Qu’est-ce qu’on fait ensemble ce matin ? On se bat pour que ce probable, qu’on nous promet, ne se produise pas. Pour cela, il faut changer. L’évolution, c’est le fait que le vivant a rencontré les pires avatars, depuis longtemps, et a tout le temps changé, en permanence. Ma conclusion terminale, c’est ce que disait Edgard Morin au président Macron (2018) : « À force de sacrifier l’essentiel à l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel. » Nos animaux, gardons-les avec nous, on ne pourrait pas s’en passer. Merci.


[1]Soit −269 °C. Retour

[2]Station spatiale internationale. Retour

[3]Centre national d’études spatiales. Retour

[4]Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature, 3 au 11 septembre 2021 à Marseille. Retour

[5]Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques . Retour

[6]Pierre taillée. Retour

[7]Un « g » (pour gravité) est une unité d’accélération (en m/s) correspondant à l’attraction terrestre. Retour

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