BILLET DU PRÉSIDENT • Revue n° 87 (octobre 2015)
Le bien-être animal est le thème du colloque international que la LFDA réunit à l’Unesco les 10 et 11 décembre. Ce colloque permettra d’évaluer l’évolution et les progrès de la science et du droit sur ce sujet majeur, au cœur de notre combat. Les progrès sont trop limités, trop lents au regard des obligations morales que nous avons vis-à-vis des animaux mais je veux souligner trois points récents, plus ou moins importants, qui donnent des raisons d’espérer.
– Le premier est la présence croissante dans des quotidiens généralistes, notamment le Monde, d’articles consacrés aux animaux, à leur vécu, à leur bien-être et à leurs souffrances. Si un journal publie ces articles, c’est qu’il estime, à juste raison, que ces sujets intéressent et préoccupent ses lecteurs. Et cet intérêt et cette préoccupation sont à leur tour accrus par les informations diffusées.
– Le second vient des États-Unis d’Amérique : McDonald vient d’annoncer qu’il refusera à terme d’acheter des œufs de poules élevées en batterie pour n’acheter que des œufs provenant de poules pouvant circuler librement et nidifier.
Certes ce terme est trop éloigné car on évoque une durée pouvant atteindre 10 ans, mais la mesure porte sur plus de 2 milliards d’œufs par an. Cette seule mesure, qui concerne 8 millions de poules, fera passer la proportion de poules maintenues en batterie aux États-Unis de 90 % à moins de 86 % (le chiffre en France est de 70 % et en France Mc Donald met déjà en œuvre cette mesure). Mc Donald est tout sauf une entreprise caritative, et si la firme prend cette décision, source de surcoûts significatifs, c’est parce qu’elle considère que la pression de l’opinion est telle que la firme est obligée de changer ses pratiques. Gageons que ses concurrents devront suivre son exemple.
– Le troisième est l’adoption par le comité d’éthique de l’INRA qui réunit des personnalités, notamment des scientifiques et philosophes et que j’ai l’honneur de présider, d’un avis sur le bien-être animal. L’INRA publiera prochainement cet avis qui sera évoqué lors de notre colloque, et qui conduira s’il est suivi d’effet à des évolutions significatives dans le domaine de l’élevage. Dans le même temps, le comité d’éthique du CNRS se penche sur la question des animaux d’expérimentation.
Ainsi les signes de mouvement sont là. Le progrès du droit animal, fondé sur l’éthique et la science, commence d’être reconnu comme un enjeu majeur. C’est un encouragement, pour nous, à agir avec plus de détermination et d’énergie encore.
Louis Schweitzer