Mercredi 14 décembre 2016 était remis le 2e Prix de Droit de la LFDA à Mme Boisseau-Sowinski, maître de conférences à l’université de Limoges.
Enseignante-chercheuse spécialisée en droit animalier, Lucille Boisseau-Sowinski a d’abord soutenu une thèse sur la Désappropriation de l’animal . Elle a poursuivi ses travaux de recherche en s’interrogeant notamment sur la question de l’étendue des droits qui pourraient être reconnus aux animaux et sur l’articulation juridique entre ces droits et la poursuite de certaines utilisations animales. Ses travaux tendent à promouvoir une protection juridique plus effective des animaux, par la reconnaissance de leur spécificité et leur qualité d’êtres vivants et sensibles. Elle prône la nécessité de créer pour eux des règles dérogatoires au droit commun, qui ne tient généralement pas compte de cette spécificité. Convaincue que le droit animalier doit être reconnu comme discipline autonome du droit, puisqu’il obéit à une logique propre de la protection de la sensibilité animale n’existant pas dans les autres branches du droit, elle a été à l’initiative de la création d’un diplôme universitaire en droit animalier visant à permettre à des juristes s’intéressant à la condition animale et à des protecteurs des animaux souhaitant mieux connaître le droit, d’étudier l’ensemble de ces règles et de réfléchir à leur évolution future.
Cocréé avec le Pr Jean-Pierre Marguénaud, la formation a ouvert en septembre 2016. Victime de son succès, la formation a dû être réitérée dès janvier 2017 pour pouvoir prendre en charge une partie des nombreuses demandes de participation. Cette formation d’une cinquantaine d’heures, ouverte aux étudiants en droit, aux juristes et aux futurs professionnels de la protection animale, permet d’acquérir les connaissances nécessaires à la promotion d’une meilleure application des règles protectrices des animaux. Cette formation intègre à la fois une dimension historique, philosophique, anthropologique et une approche tant nationale, qu’européenne et internationale du droit.
Elle enseigne par ailleurs le droit animalier dans le cadre d’un cours de droit du vivant au sein du Master II de Droit de l’environnement, de l’aménagement et de l’urbanisme (faculté de droit de Limoges). Elle intervient également dans le cadre du Master II Droit de la recherche et de l’innovation (université de Poitiers), du diplôme universitaire d’Anthropozoologie (université Paris XIII) et au CNRS lors de la formation « Éthique, comportement, bienêtre animal ». Mme Boisseau-Sowinski est également à l’initiative du colloque « Les liens entre éthique et droit : l’exemple de la question animale » qui s’est déroulé en novembre dernier. Il visait à s’interroger sur les rapports entre éthique et droit, notamment sur la réceptivité juridique des théories éthiques relatives à l’animal tant en droit français que dans les systèmes de droits étrangers. Ce colloque devrait être reconduit sous d’autres thématiques.
Enfin, la lauréate du Prix de Droit 2016 est à l’initiative d’un projet de recherche intitulé GENAMIDROIT, portant sur la génétique animale et le droit. L’objectif de ses travaux est d’identifier l’impact et le développement des nouvelles technologies au regard du respect d’une éthique humaine, visant à la préservation de la dignité humaine et à la protection de la santé publique ; d’une éthique animale, soucieuse du bien-être animal ; et d’une éthique environnementale, soucieuse de la préservation des équilibres naturels. La thématique développée s’inscrit dans un questionnement national et même international plus général relatif à l’essor des biotechnologies animales fondées sur la recherche génétique. Il aboutira à une proposition d’encadrement juridique des biotechnologies animales par un texte national voire supranational.
Le prochain Prix de Droit sera ouvert en 2018.