Dans le monde des mammifères

Kangourous gauchers

Des observations menées par de chercheurs des universités de Saint-Pétersbourg et de Tasmanie1 montrent que les kangourous sont majoritairement gauchers et particulièrement chez trois espèces de Macropus : giganteus, rufrogriseus, et rufus. Selon les chercheurs, cette latérisation senestre a été acquise lorsque les marsupiaux arboricoles, ancêtres des kangourous autrefois quadrupèdes, sont devenus bipèdes. Les arboricoles actuels ne présentent pas une telle latérisation.

Le paradoxe du panda

Des chercheurs chinois viennent de montrer que la flore intestinale du panda géant (Ailuropoda melanoleuca) est mal adaptée à un régime alimentaire d’herbivore2. Situation paradoxale pour cet ursidé qui se gave de bambou 14 heures par jour! Les chercheurs ont analysé la flore bactérienne intestinale de 45 pandas au printemps, en été et en automne. Ils ont comparé ces échantillons de flore intestinale à des échantillons provenant de mammifères carnivores, herbivores et omnivores.

Il s’avère, contrairement à toute attente, que la flore intestinale du panda a une composition plus proche de celle d’omnivores comme l’ours brun ou de carnivores comme le tigre que de celle d’herbivores. La diversité des bactéries intestinales y est par ailleurs plus faible que chez les autres mammifères et encore moins variée en automne qu’en été. Cette pauvre diversité fragiliserait les capacités d’adaptation du panda aux changements d’environnement.

Quand les rats se portent secours

On savait déjà que les rats sont capables d’empathie pour leurs congénères (voir Droit  animal,  éthique  &  sciences n°78 pp.21-22), mais voici qu’une équipe de chercheurs japonais3 vient de montrer que ces rongeurs sont aussi altruistes. Ils portent secours à leurs congénères dans la détresse. Ainsi ils n’hésitent pas à ouvrir une porte de sortie à un rat placé dans une cuve à eau et risquant la noyade, de préférence à ouvrir une autre porte qui leur donnerait accès à de la nourriture

Les glandes surrénales des dauphins intoxiquées par les marées noires

Suite à la marée noire d’avril 2010 que causa une plateforme pétrolière BP dans le golfe du Mexique, des recherches fédérales commanditées par l’Agence américaine océanique et atmosphérique ont montré que malgré leur mobilité, les dauphins, ont été gravement affectés4. Un tiers des dauphins à gros nez (Tursiops truncatus) échoués morts entre 2010 et 2012 sur les côtes de Louisiane, du Mississippi et de l’Alabama, contre 7 % des dauphins ailleurs, présentent de graves lésions des glandes surrénales et près d’un quart (contre 2 % pour les dauphins venant d’autres régions) étaient atteints de pneumonie!

Il y a donc des effets visibles spectaculaires des marées noires comme l’engluement des oiseaux marins, et des effets plus sournois et non moins dangereux causés par les substances toxiques diffusées par les hydrocarbures sur les animaux qui n’ont pas été englués. Mais, comme on pouvait s’y attendre, BP conteste les résultats de cette étude. On frémit pour les mammifères marins de l’Arctique lorsqu’un jour prochain des puits pétroliers y seront exploités! La leçon du golfe du Mexique risque d’être oubliée.

En 15 ans, quel gain de performance pour les chevaux de course?

Selon une étude menée par des chercheurs britanniques de l’université d’Exeter5 et portant sur plus de 600000 courses hippiques en Angleterre, depuis quinze ans, un pur-sang a acquis un gain de performance en moyenne d’1s sur une distance de 1200 m soit 7 longueurs d’avance par rapport à un champion des années 90. Ce gain de performance ne se retrouve pas sur des courses de plus longue distance, preuve que les sélectionneurs préfèrent les étalons et les juments performants au sprint. Qu’en est-il du progrès des gains financiers des propriétaires ? On aimerait que l’on se préoccupe autant du bien-être des équidés, lequel n’est pas forcément gagnant dans cette course effrénée à la performance!

Eau argileuse au menu des chimpanzés

Des chercheurs de l’université d’Oxford ont observé que les chimpanzés de la forêt du Budongo en Ouganda s’étaient mis à boire de l’eau argileuse recueillie dans des feuilles utilisées comme éponges. Ces primates ingèrent aussi parfois de la terre de termitières. Cette habitude récente est corrélée à la disparition de palmiers Raphia farinifera, exploités pour l’industrie du tabac. Ces feuilles de palmiers sont particulièrement riches en minéraux. En substitut aux feuilles de palmier qu’ils consommaient autrefois, les primates pourraient avoir trouvé dans l’eau argileuse une nouvelle source de minéraux nécessaires à leur santé.

Thierry Auffret Van Der Kemp

  1. Andrey Giljov et al. Parallel Emergence of True Handedness in the Evolution of Marsupials and Placentals. Current Biology vol 2,5,issue 14, pp.187818284, 20 July 2015.
  2. Zhengsheng Xue, Wenping Zhang, Linghua Wang, Rong Hou, Menghui Zhang, Lisong Fei Xiaojun Zhang, He Huang, Laura C. Bridgewater, Yi Jiang, Chenglin Jiang, Liping Zhao, Xiaoyan Pang, Zhihe Zhang. The Bamboo-Eating Giant Panda Harbors a Carnivore-Like Gut Microbiota, with Excessive Seasonal Variations, 19 May 2015, mBio vol. 6 n°3
  3. Nobuya Sato,, Ling Tan, Kazushi Tate, Maya Okada (2015). Rats demonstrate helping behaviour towards a soaked conspecific, Animal  Cognition, September 2015, Volume 18, Issue 5, pp 1039-1047.
  4. Stephanie Venn-Watson,,Kathleen M. Colegrove,,Jenny Litz,, Michael Kinsel,, Karen Terio, Jeremiah Saliki, Spencer Fire,, Ruth Carmichael, Connie Chevis,Wendy Hatchett Adrenal Gland and Lung Lesions in Gulf of Mexico Common Bottlenose Dolphins (Tursiops truncatus) Found Dead following the Deepwater Horizon Oil Spill, Plos One, Published: May 20, 2015.
  5. Patrick Sharman, Alastair J. Wilson. Racehorses are getting faster, Biology Letters, 24 June 2015.
  6. Vernon Reynolds, Andrew W. Lloyd, Christopher J. English, Peter Lyons, Howard Dodd, Catherine Hobaiter, Nicholas Newton-Fisher, Caroline Mullins, Noemie Lamon, Anne Marijke Schel Mineral Acquisition from Clay by Budongo Forest Chimpanzees, Plos One,July 28, 2015.

Article publié dans le numéro 87 de la revue Droit Animal, Ethique et Sciences.

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