Manifestement, il y a du progrès du côté des zoos. En mars dernier, le zoo du Parc de la Tête d’Or à Lyon a annoncé quelques changements à venir : les éléphants, déjà absents depuis quelques années, ne seront pas remplacés. Idem pour les ours bruns – qui vivaient dans une petite fosse totalement inadaptée –, le dernier étant mort en novembre dernier. Il en va de même pour les tigres. C’est un premier pas dans le bon sens pour ce zoo urbain, mais la fin de la captivité des animaux à des fins de divertissement est encore loin en France. Pourtant, des initiatives en ce sens sont en préparation ailleurs. En attendant, de nombreuses activités permettent d’en apprendre plus sur le monde animal et la biodiversité sans cautionner les parcs zoologiques.
Barcelone : le zoo du XXIe siècle
Le zoo du Parc de la Tête d’Or aurait pu aller plus loin et prendre exemple sur le zoo de Barcelone en Espagne, qui a annoncé le 6 mai 2019 sa transformation prochaine. Le conseil municipal de la ville de Barcelone a voté un concept appelé ZOOXXI, pour un zoo adapté, selon ce concept, à la société du XXIe siècle. Le principe est que le zoo évolue progressivement vers un centre de soin à la faune sauvage endémique ou méditerranéenne pour des spécimens qui ne survivraient pas en état de liberté. Il aura pour but d’éduquer le public à l’empathie envers les animaux et l’impliquer véritablement dans la préservation des espèces.
L’évolution se fera dans un laps de temps long. D’abord, le zoo pourra se séparer d’une partie de ses animaux qui pourront être replacés dans des refuges ou des réserves, faisant ainsi baisser petit à petit le nombre d’animaux détenus, et permettant donc à l’établissement d’améliorer l’environnement des animaux encore présents, notamment en leur offrant plus d’espace. Pour les espèces en danger critique d’extinction, le zoo devra participer activement à leur conservation en prévoyant la réintroduction des individus qu’il détient. Seules les espèces qui pourront être effectivement réintroduites bénéficieront d’un programme de reproduction. Le concept prévoit aussi la création d’attractions utilisant des technologies audiovisuelles permettant aux visiteurs et notamment aux enfants de découvrir le véritable environnement d’une espèce, ses comportements spécifiques : tout ce que l’on ne peut apprendre en regardant un animal dans un zoo classique. Ce concept mériterait une analyse approfondie, et demande de voir comment il peut être réalisé concrètement, ainsi que ce que sera son impact réel sur la préservation des espèces. Néanmoins, ce changement prometteur est à suivre de près.
Les alternatives aux parcs zoologiques
À l’heure actuelle, un concept tel que ZOOXXI n’existe pas encore. Cependant, pour ceux qui ne souhaitent pas cautionner la souffrance animale due à la captivité d’animaux d’espèces sauvages, des alternatives existent pour étancher sa soif de connaissance sur la vie animale.
Outre les ouvrages, documentaires, ressources sur Internet et musées d’Histoire naturelle, il existe plusieurs façons d’en apprendre plus sur le monde animal, voire de côtoyer des animaux. Une balade dans la nature, en forêt par exemple, permet de voir une faune diversifiée et de repérer des indices de passages d’animaux sur le sentier emprunté. Une excursion en plongée sous-marine ou bien sur un bateau pour aller observer des cétacés et autres mammifères marins (whale-watching) est aussi un moyen d’observer la faune sauvage dans son environnement naturel – à condition que les méthodes utilisées soient respectueuses de l’environnement et des animaux évidemment. L’éco-volontariat dans un centre de soins à la faune sauvage permet d’être au contact des animaux. Si l’on dispose d’un jardin, il est recommandé de mettre de la nourriture, de l’eau et des nichoirs adaptés pour attirer les oiseaux, selon les recommandations des associations spécialisées de préférence. Enfin, visiter un refuge pour animaux de ferme permet de découvrir les espèces animales domestiquées par l’humain.
D’autres activités permettant d’obtenir de nombreuses informations sur le monde animal se développent peu à peu grâce aux nouvelles technologies. La réalité virtuelle permet d’immerger les spectateurs dans l’environnement naturel (virtuel) des animaux et de voir comment ils y évoluent. Il suffit d’enfiler un casque ! A Paris, plusieurs lieux, comme des cinémas ou encore le Jardin d’acclimatation, permettent de vivre cette expérience proposée par l’entreprise Wild Immersion. Les casques étant des installations facilement transportables, des immersions éphémères peuvent être proposées lors d’événements partout dans le monde. À New York, National Geographic a lancé l’attraction Encounter Ocean Odissey, qui permet de découvrir la faune marine grâce à des projections 3D, des effets sons et lumières, des écrans capteurs ou encore des dispositifs interactifs. Quelques panneaux et un guide donnent des informations tout au long du parcours des différentes activités pour découvrir la bioluminescence des coraux, le caractère social des otaries, l’agressivité de l’encornet géant…
Parfois, ce sont les zoos eux-mêmes qui investissent dans des équipements technologiques dernier cri, sentant peut-être la fin de leur activité approcher. C’est le cas de Marineland, zoo et delphinarium à Antibes, qui a lancé l’année dernière une attraction en 5D en immersion dans l’univers des animaux marins (attention, cette attraction fait partie du zoo et nécessite un billet d’entrée classique).
Conclusion
L’évolution de la société sur la question de notre rapport aux animaux, ainsi que la prise de conscience de la perte massive de la biodiversité terrestre, amène les parcs zoologiques à se transformer et entraine le développement de nouvelles technologies plus efficaces que les zoos pour éduquer la population, sans emprisonner des animaux sauvages. D’autres moyens d’approcher les animaux sans compromettre leurs conditions de vie permettent de comprendre la nature en la respectant. Ces attractions rendent plus que jamais obsolète l’enfermement des animaux au prétexte d’éduquer les humains.
Nikita Bachelard
Article publié dans le numéro 102 de la revue Droit Animal, Éthique & Sciences