L’hebdomadaire La vie du 18 mars 2010, à l’occasion du film Océans, s’interroge dans un long dossier de 4 pages sur la pertinence des messages véhiculés par les aquariums sur le respect de la biodiversité marine et donne la parole non seulement à trois responsables de grands aquariums français, mais aussi au conseiller scientifique du film et au directeur de la Fondation LFDA.
« Pour François Sarano, ancien plongeur de l’équipe du commandant Cousteau et conseiller scientifique du film Océans, les aquariums créent dans l’esprit des visiteurs une illusion. […]Concrètement, le public croit que les animaux se comportent de la même manière en captivité que dans la nature, ce qui est faux. Pour Thierry Auffret, biologiste marin et directeur de la Fondation LFDA, on ne devrait pas mettre en captivité un animal dont on sait qu’il ne pourra pas exprimer la totalité de ses besoins comportementaux. Effectivement on peut se demander si certains requins, gros poissons ou mammifères marins disposent réellement de leur espace vital en captivité, malgré le volume de plus en plus important des bacs. Un débat similaire à celui qui concerne la faune sauvage dans les parcs zoologiques. On peut envisager qu’un aquarium remplisse les conditions idéales pour garder des animaux très sédentaires qui vivent sur de petits territoires, confirme Thierry Auffret, mais, pour des poissons de haute mer ou migrateurs, je suis beaucoup plus réservé. Certains aquariums américains ou japonais accueillent désormais des requins-baleines, le plus gros poisson au monde (entre 4 et 15 m en moyenne). Cette course au sensationnalisme, dans un but évidemment commercial, ne tient aucun compte du bien-être animal. [….] Symboles de cette vision mercantile de la faune marine, les parcs aquatiques, les aquariums et autres delphinariums qui présentent de shows avec les animaux marins. « On ne peut pas enfermer des orques ou des dauphins s’indigne François Sarano. Ce sont des bêtes qui se déplacent énormément à l’horizontale comme à la verticale. De plus, cela donne aux enfants une image complètement déformée de la réalité: les dauphins ne sont pas les gentils mammifères apprivoisés qui jouent avec des ballons! Cette mise en scène des animaux, la plupart des aquariums français s’y refusent pour des raisons éthiques. […] Enfin, certains aquariums récupèrent les animaux malades ou blessés, les soignent, puis les relachent dans la nature lorsqu’ils sont guéris. […] « Aujourd’hui, il y a beaucoup d’activités qui permettent l’observation des animaux marins dans leur milieu naturel », rappelle Thierry Auffret. Pour ceux qui en ont l’opportunité, faire de la plongée sous-marine, approcher les baleines ou les colonies de phoques en bateau reste encore ce qu’il ya de plus enrichissant pour se confronter à la biodiversité marine. […]