Témoignage de Georges Chapouthier
C’est en 1978 que j’ai fait la connaissance de Jean-Claude Nouët. J’étais alors un jeune chercheur intéressé par la cause animale et Nouët, alors professeur à la Salpêtrière, venait, avec quelques collègues, de créer la Ligue Française des Droits de l’Animal (LFDA). Sur les conseils de l’éthologue Rémy Chauvin, lui-aussi co-fondateur de LFDA, je demandai un rendez-vous à Nouët et ce fut une sympathie immédiate et le début d’une fructueuse collaboration de près de cinquante années, vite transformée en profonde amitié.
Dès ce premier rendez-vous, Nouët me confia un article visant à faire connaître au monde médical les objectifs de la jeune LFDA (Panorama du médecin, 1979, n° 681). Dans les années qui suivirent, toujours sous sa direction amicale, je participai, de plus en plus activement, au fonctionnement de la LFDA, en organisant de colloques et des tables rondes, en écrivant de nombreux articles ou en participant, à ses côtés, à des émissions radiophoniques. En 1986, quand je soutins, sous la direction du philosophe François Dagognet, ma thèse de Doctorat ès-Lettres en Philosophie Essai de définition d’une éthique de l’homme vis-à-vis de l’animal, Nouët fit le déplacement à Lyon pour participer à mon jury et m’appuyer. Un peu plus tard, pour faire connaître, sur de nombreux sujets, les positions de la LFDA, il m’invita à publier, sous notre double direction, toute une série de livres et de dossiers de revue*.
Cette activité dans le cadre de la LFDA amena Nouët à me proposer de devenir, avec la juge Suzanne Antoine et lui-même, membre-fondateur de la Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences, qui allait, en 2010, prendre le relai de la Ligue. J’occupai divers postes dans le bureau de la nouvelle Fondation et, sous l’égide de Nouët et parfois comme son remplaçant, je participai aussi à diverses commissions ministérielles de protection animale.
Le rappel de ces nombreuses années de fructueuse collaboration ne doit pas faire oublier la chaleur des relations humaines dans laquelle cette collaboration s’est effectuée. Ici, c’est l’humanisme et l’humanité de Nouët que je voudrais rappeler. Lorsque je vins, avec mon équipe de recherche, m’installer dans les locaux de la Pitié, Nouët, alors vice-doyen de la Pitié-Salpétriêre, m’accueillit chaleureusement et rendit mon séjour particulièrement agréable. Sur un plan plus personnel, je tiens à rappeler sa visite bienfaisante, en 2013, lorsque j’étais sur un lit d’hôpital, et qui illumina mon séjour.
On ne peut, en quelques lignes, résumer tant d’années de collaboration, de soucis et de joies quotidiens partagés, de projets et de réussites, d’échanges et d’humour. Puisse le présent témoignage souligner combien Jean-Claude Nouët me manque personnellement, autant qu’il manque à la protection animale, qu’il a soutenue pendant toute sa vie.
Georges Chapouthier
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* G. Chapouthier & J.C. Nouët (dir.), Les droits de l’animal aujourd’hui, Collection « Panoramiques », Éditions Arléa-Corlet et Ligue Française des Droits de l’Animal, Paris, 1997
G. Chapouthier & J.C. Nouët (editors), The universal declaration of animal rights, comments and intentions, Éditions Ligue Française des Droits de l’Animal, Paris, 1998
G. Chapouthier & J.C. Nouët (dir.), Science et Technique de l’Animal de Laboratoire, 2002, n° 27 (Numéro spécial « Ethique et invertébrés ») [PDF]
J.C. Nouët & G. Chapouthier (dir.), Humanité, Animalité : quelles frontières ?, Éditions « Connaissances et savoirs », Paris, 2006