La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences a ouvert en septembre un concours visant a récompenser les trois meilleures copies du bac de Français 2018 composées sur le sujet suivant: « Vous êtes journaliste et vous cherchez à montrer qu’il est nécessaire de promulguer la Déclaration des droits de l’animal. Vous écrivez un article de presse, reprenant les caractéristiques du texte de Marguerite Yourcenar, et présentant des arguments variés sur un ton polémique. »
Voici le texte de notre 2de lauréate, Maïwenn Le Denic.
« Nous sommes tous des animaux »
Une Déclaration des droits de l’animal va être promulguée ? Tant mieux ! Car l’Homme ne croit que ce qu’il voit. Écrit noir sur blanc, il ne pourra donc plus nier ces droits, inhérents à toute espèce vivante.
Nous nous sommes battus pour la Déclaration des droits de l’Homme et avons acquis nos droits. Mais comment l’animal peut-il se battre ? Comment peut-il mûrir une révolution afin d’acquérir ces droits ? Il ne le peut pas. Et de ce fait, nous nous considérons comme naturellement supérieurs à l’animal. Mais nous sommes naïfs de penser cela, dans la mesure où, par définition, nous sommes tous des animaux.
Ce lien de parenté qui unit chaque espèce vivante nous rend redevables les uns envers les autres. Nous sommes redevables envers ceux dont l’esprit ne connaît pas le principe de cruauté et dont les pratiques de l’esclavage, de la discrimination ou bien de la maltraitance sont inconnues. Nous avons toujours eu une manière particulière d’exprimer notre reconnaissance, mais aujourd’hui nous pouvons changer cela.
Malheureusement, nous sommes trop égoïstes et préférons utiliser les animaux à notre profit. Pour cela, nous n’hésitons pas à anéantir des espèces entières. Cette pratique est nommée braconnage ; mais dans l’Histoire, nous parlons aussi de génocide. Est-ce une formulation trop choquante ? Je le souhaiterais, mais la réalité est que nous parlons de l’extermination de millions d’espèces, ainsi que de milliers d’autres actuellement en voie de disparition. Par ailleurs, le terme « disparition » n’est qu’un euphémisme lorsque la cruauté envers ces espèces est mise sous nos yeux. La manière dont le requin est dépecé vivant sur le bateau du pêcheur, ou bien le fait de massacrer une famille d’éléphants pour un simple bout d’os.
A contrario de ces espèces chassées pour les bénéfices qu’elles apportent – la vénalité atemporelle de l’Homme est explicite – d’autres plus proliférantes sont considérées comme une ressource renouvelable. La vie de certaines se résume au noir, à l’entassement, au gavage, puis à la mort. Une pratique séculaire et légale qui enlève toute dignité à la bête et lui interdit tout droit à disposer d’elle-même – comme il pourrait être signifié dans la Déclaration des droits de l’Homme. D’autres de ces espèces, dites proliférantes, donnent leur vie à la science, contrairement à l’Homme qui donne sa « mort ». Nous catégorisons donc la vie de ces bêtes comme insignifiante en leur faisant subir la mort et nombre d’expériences douloureuses. Je me questionne alors, pourquoi ces animaux seraient-ils plus aptes à recevoir la douleur que nous ? Plus disposés à mourir ? Serions-nous naïfs au point de croire que les animaux n’éprouvent rien ? Qu’ils ne soient que de simples machines destinées à nous obéir ? Là se trouve peut-être notre absence de discernement.
Mais j’en suis convaincue, la promulgation de la Déclaration des droits de l’animal aidera à ouvrir les yeux de certains, même si j’ai conscience que d’autres les ferment volontairement. Preuve que tout Homme n’est pas doté d’humanité, mais est pourtant doté de droits. Alors pourquoi refuser ces derniers aux animaux et ainsi tenter de reconquérir une humanité en voie de disparition.
Maïwenn Le Denic