Contre le championnat de France de déterrage de blaireaux

Avec la collaboration active  de la FNE, de la CAPEN 71et de l’AOMSL, de l’ ASPAS, de  Serre vivante et  du RAC, une coordination de 50 ONG (dont la LFDA)  de protection de l’environnement et des animaux, ont participé à la  diffusion  le 25 avril 2008 un communiqué de presse commun  alertant l’opinion sur le caractère inutile, néfaste et cruel pour les animaux sauvages et notamment les blaireaux du championnat de France de déterrage organisé à Cluny(Saône et Loire) du 16 au 18 mai 2008. 

« Il s’agit d’un concours de chiens de chasse, dont les terrains de jeu seront les milieux naturels, et les cibles des animaux sauvages, en particulier des blaireaux.

Le déterrage, ou vénerie sous terre, consiste à acculer par des chiens un animal dans son terrier, puis à creuser une tranchée avec des pelles ou autres outils de terrassement, pour après plusieurs heures de harcèlement, l’arracher violemment de son terrier à l’aide de pinces métalliques, avant de l’abattre à l’arme blanche. S’il est encore chassé en France, le blaireau ne fait pourtant plus partie de la liste des espèces nuisibles depuis 1988!

Chez nos voisins belges, la chasse au blaireau est interdite depuis 1973 et l’espèce  est protégée depuis 1992. 
C’est également le cas en Grande Bretagne, Italie, Irlande, Espagne, Grèce, Pays-Bas et au Luxembourg.

Le blaireau est une espèce fragile, avec un faible taux de reproduction, et une dynamique de renouvellement lente. Il facilite la régénération et la dispersion de certaines graines. 

Il participe sans doute à la régulation des populations de rongeurs en forêt. L’espèce est indiquée par l’union internationale pour la Conservation de la Nature comme espèce à surveiller ; elle peut-être considérée comme indicatrice de la qualité de la biodiversité et du bon fonctionnent de grands ensembles paysagers. Le récent Grenelle de l’environnement a pointé l’appauvrissement de la biodiversité comme l’un des aspects les plus préoccupants de la crise écologique mondiale.

Pratiqué dans le seul but de faire concourir des chiens pour le loisir de quelques uns, le déterrage ne présente aucune utilité publique. Ce championnat, activité traumatisante pour les animaux, est organisé au cœur de la période de reproduction (qui s’étend de mi janvier à mi juillet.)

Comment justifier une chasse «concours», pendant la fermeture générale de la chasse, quand les espèces se reproduisent et que la meilleure chose à faire serait de les laisser tranquilles? Le déterrage ne doit pas être considéré comme une activité sportive». Rien, ne justifie, en effet, d’intervenir sur une espèce patrimoniale peu prolifique à une période clé de son cycle biologique.»

Les associations signataires de ce communiqué contestent la tenue d’un tel évènement et demandent au préfet de Saône et Loire de ne pas l’autoriser, considérant qu’il va nuire à la faune sauvage en perturbant un nombre important d’animaux et en détruisant leurs terriers.

Le fait que les terriers puissent être utilisés pendant des décennies, voire des siècles, par des générations successives et qu’ils représentent le lieu quasi exclusif de mise bas, leur confère un rôle clé dans la politique de conservation du blaireau. A la date prévue du championnat les jeunes blaireautins ne sont pas encore indépendants de leurs parents: la destruction des terriers a alors un impact aggravé. Certaines espèces dont la plupart sont protégées, profitent aussi de ces terriers, comme le chat forestier, les chauves souris, le renard, les amphibiens, etc. La protection des animaux va donc de pair avec celle des terriers!

L’observation des animaux sauvages dans la nature, l’information scientifique et la pédagogie de la préservation sont des activités accessibles à tous et plus éducatives pour valoriser et préserver la nature que cette technique de chasse cruelle et anachronique moralement condamnable». 

Les ONG ont par ailleurs manifesté leur étonnement qu’une telle manifestation ait pu être autorisée par les services préfectoraux dans une zone comportant un site protégé Natura 2000.

Devant l’ampleur des protestations le Préfet n’a finalement  autorisé cette manifestation que sous la réserve que les blaireaux déterrés ne soient pas tués et que ceux-ci soient relâchés après que leurs terriers aient été remis en état, sous contrôle des agents de l’ONCFS. Toutefois, aucun bilan officiel n’a été jusqu’à présent communiqué sur le nombre total de blaireaux déterrés, leur état et les conditions de restauration des terriers. 

Les chasseurs déterreurs, contrariés, de leur côté devant les retombées médiatiques de cette protestation, et malgré le caractère tout à fait pacifique de l’action des ONG, ont taxées les militants écologistes d’«écofascistes » ou  d’ »écoterroristes». 
Selon les déterreurs, « les écologistes portent   ainsi atteinte à une activité légale (pratiquée aujourd’hui en France par 1350 équipages de vénerie comptant 40 000 chiens déterreurs), qui est inscrite depuis la nuit des temps dans l’histoire de la chasse. »

Les chasseurs  ont enfin  tenté, vainement, de justifier dans la presse et les média audiovisuels leur activité en soutenant (sans référence à une quelconque évaluation scientifique) qu’ils contribuaient à réguler  « un surpeuplement  de blaireaux en Saône et Loire causant d’importants dégâts aux  cultures». En tout cas, on peut dire, et là en toute bonne foi, que cette «micro culture» de la vénerie sous terre (qui finira bien par s’éteindre) cause bien des dégâts, tant à la biodiversité qu’au respect de la sensibilité animale.

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