Déception après les annonces gouvernementales sur le bien-être animal

Le 28 janvier 2020, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a présenté ses mesures pour le bien-être et la protection des animaux, attendues depuis le printemps 2019. Le ministre annonçait des mesures « comme il n’a jamais été fait » sur le bien-être animal. Si nous accueillons avec intérêt ces annonces, nous sommes quelques peu déçus par leur manque d’ambition.

Au sujet de l’élevage des animaux de ferme, le ministre a annoncé la fin du broyage des poussins d’ici fin 2021, en collaboration avec l’Allemagne. Annoncée en grande pompe il y a déjà une dizaine de jours, cette mesure était attendue depuis longtemps, l’État finançant la recherche sur une méthode de sexage des poussins dans l’œuf. Elle était aussi inévitable, des méthodes de sexage étant déjà utilisées depuis quelques années, notamment en Allemagne. Nous attendons maintenant la concrétisation de cet engagement verbal dans la loi et espérons qu’elle s’appliquera également aux cannetons femelles éliminés dans la production de foie gras.

La fin de la castration à vif des porcelets est annoncée à la même échéance. Cette mesure ne va pourtant pas assez loin : l’arrêt total de la castration est nécessaire, car des alternatives existent. De plus, nous sommes étonnés de la commande du gouvernement au centre de référence sur le bien-être animal (CNR BEA), créé en 2017, qui devra « définir les pratiques douloureuses et identifier les alternatives ». Les alternatives aux pratiques douloureuses, comme la coupe de queue des porcs, sont déjà bien étudiées et largement partagées…

Le gouvernement souhaite aussi financer en priorité « des bâtiments favorisant l’expression naturelle des comportements des animaux d’élevage ». Une réelle avancée serait d’inclure dans le terme « bâtiment » le développement de l’accès à l’extérieur pour les animaux, pour leur permettre d’exprimer une palette de comportements que la claustration ne leur permet pas d’exprimer ; cela peut être la sélection et le broutage d’herbe pour les ovins et bovins par exemple, le perchage dans un arbre pour les volailles…

Sur le transport d’animaux vivants, les annonces concernent globalement une amélioration de l’application de la réglementation européenne : une augmentation des contrôles et un renforcement des sanctions. C’est indispensable mais ce ne sera efficace qu’avec une augmentation significative des moyens financiers et humains des services officiels de contrôle.

Le ministre annonce également la création à partir du 1er janvier 2022 d’un poste de référent bien-être animal dans les élevages de volailles et de porcs. Aucune précision n’est pour l’instant donnée quant au rôle de ce référent. De plus, l’annonce de la consolidation de la formation sur le bien-être animal dans l’enseignement agricole, mesure élémentaire, est une bonne nouvelle.

Le ministre Didier Guillaume souhaite mettre en place d’ici l’année prochaine, en concertation avec l’Allemagne et l’Espagne, une expérimentation d’étiquetage sur le bien-être animal et les modes de production. Cette annonce arrive juste après la réunion du Conseil des ministres de l’Agriculture de l’Union européenne sur le sujet, qui s’est tenue le 27 janvier. Nous accueillons avec intérêt les travaux sur un étiquetage étatique voire européen pour informer les consommateurs sur les conditions d’élevage des animaux, mais nous restons sur nos gardes : le welfarewashing est un risque et une menace pour une véritable transparence et une vraie loyauté vis-à-vis des consommateurs.

Enfin, concernant les animaux de compagnie, Loïc Dombreval, député, président du groupe d’études « condition animale » à l’Assemblée nationale et docteur vétérinaire, s’est vu confié une mission de 6 mois pour analyser la question de l’abandon et faire des propositions pour y remédier. Didier Guillaume annonce d’ores et déjà des contraventions plus élevées pour les propriétaires dont le chat ne serait pas identifié, ainsi que l’interdiction de vente d’animaux de compagnie dans les véhicules.

Pour l’instant, aucune information n’est disponible sur la mise en œuvre de ces mesures, pour lesquelles les organisations de défense des animaux n’ont pas été consultées. Il semble que toutes ne seront pas inscrites dans la loi. Ces mesures auraient dû être beaucoup plus ambitieuses compte-tenu des promesses répétées du ministre « d’envoyer du lourd » depuis des mois. Il manque notamment la promesse-phare du candidat Emmanuel Macron lors des élections présidentielles : l’interdiction des poules en cages. Décevant.

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