Par les étudiants de 2e année des masters Éthique animale et Écophysiologie, écologie et éthologie de l’université de Strasbourg, édition LFDA, 2020 [PDF]
Que se passerait-il si la personnalité juridique était accordée à l’éléphant, et que celui-ci, dans des circonstances malheureuses, provoquait la mort d’une personne humaine ? Ce document imagine le procès de l’éléphant. Coupable, non coupable, circonstances atténuantes ?…
Dans le cadre des masters Éthique animale et Écophysiologie, écologie et éthologie à l’université de Strasbourg, les étudiants de deuxième année ont réalisé, en décembre 2019, le procès fictif de Misha, un éléphant de cirque, accusé d’avoir tué le guichetier du cirque. Encadrés par Cédric Sueur, maître de conférences en éthologie et membre du comité scientifique de la LFDA, et Marie Pelé, éthologue, les étudiants ont procédé à la simulation de l’instance qui permettra de juger l’éléphant.
Du point de vue juridique, les étudiants ont repris des idées liées à la personnalité juridique des animaux, notamment celles de l’avocat américain Stephen Wise dont un des principes est d’attribuer une intentionnalité aux animaux, ainsi que la Déclaration de Toulon de mars 2019. Ce procès fictif permet ainsi d’alimenter notre réflexion sur la personnalité juridique des animaux.
Ce document peu commun met en avant, de manière assez fidèle et réaliste, les stratagèmes développés pour se dédouaner de toute responsabilité. Les étudiants, pour corser le propos, donnent aux professionnels du cirque (et à la mère de la victime, mise en avant par l’avocat du cirque) des histoires qui pourraient donner envie de pardonner le traitement indigne de l’éléphant par ses propriétaires. Ce faisant, ils illustrent parfaitement les situations rencontrées par les ONG de protection animale, où quelquefois l’empathie pour les fautifs est suscitée comme stratagème manipulatoire afin de détourner le blâme ou le rendre moins sévère… Concrètement, ce n’est pas parce que le cirque comptait évoluer dans une bonne direction que les conditions de vie lamentables de l’éléphant doivent être oubliées. En ne donnant pas dans le manichéisme, les étudiants évitent la caricature des gentils face aux méchants et poussent le trait de chaque personnage vers les bons sentiments. Cela illustre d’autant mieux la difficulté de s’extraire d’un jugement basé sur l’empathie envers les humains pour se concentrer sur les faits.
Alors, coupable ou non coupable ?