Éthique : le repect de l’animal, une valeur humaniste (Panneau 4)

La valeur d’une société se révèle aussi dans sa façon de traiter les animaux. Les progrès moraux des société humaines, alliés à une meilleure connaissance du monde animal, mènent inéluctablement à reconsidérer la place, le rôle et la valeur de la vide animale.  Quelle que soit sa capacité à souffrir ou à peser, l’animal possède une valeur propre qu’il faut respecter.

UNE SOCIÉTÉ PROGRESSISTE

26 août 1789 : Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC)

Texte capital de la Révolution française qui marque un tournant éthique en faveur du respect des droits naturels humains (liberté, égalité, fraternité).

10 décembre 1948 : Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH)

Adoptée par les Nations unies, elle reprend la déclaration de 1789, et consacre, entre autres, l’égalité des hommes et des femmes.

10 octobre 1978 : Déclaration universelle des droits de l’animal (DUDA)

La DUDA permet de passer d’une notion de protection de l’animal, qui s’inscrit dans une vision dominatrice de l’homme sur le règne animal, à une celle de respect de l’animal. Cette vision, en y intégrant le droit à l’existence pour chaque animal, permet de replacer l’espèce humaine en tant que maillon de la chaîne de la vie, au même titre que les autres espèces animales, et non plus au sommet d’une pyramide, ce qui est un non-sens biologique.

2018 : Déclaration des droits de l’animal (DDA)

Quarante-et-un ans après avoir coécrit la DUDA, la LFDA établit la Déclaration des droits de l’animal (DDA). Plus brève, elle se veut aussi plus pratique et plus proche des textes juridiques en vigueur afin de faciliter sa transposition dans la loi. Elle a été approuvée par le comité d’honneur de la fondation, composé d’éminentes personnalités scientifiques et juridiques.

LA VALEUR INTRINSÈQUE DE LA VIE

L'Oiseleur, l'autour et l'alouette, Jean de la Fontaine
« Si tu veux qu’on t’épargne, épargne aussi les autres« , Jean de la Fontaine

Aujourd’hui, nous reconnaissons de plus en plus à l’animal une valeur intrinsèque, c’est-à-dire indépendante de ses capacités sensorielles ou intellectuelles. Ce concept, global et universaliste, nous pousse à montrer plus d’égard envers tous les animaux, quels qu’ils soient. Cela signifie que même si un animal, comme l’éponge, ne peut être reconnu scientifiquement capable de réflexion ou d’émotion, elle doit quand même être considéré avec respect et traitée comme un être précieux. Cela encourage à aller dans le sens d’une relation plus équilibrée avec l’animal et son environnement, ce qui devrait être lié à des rapports plus harmonieux au sein de notre propre espèce.

« Il ne faut pas songer à renouveler notre vieux contrat avec les bêtes. Il faut en concevoir et en conclure un autre… il faut tout d’abord accepter le fait que l’animal occupe sur cette terre un espace à sa mesure et y vive sans contrainte. »

Philippe Diolé, cofondateur de la LFDA (Les Animaux malades de l’homme, Flammarion, Paris, 1974)

QUELQUES PENSEURS

De tout temps, l’animal a fait partie des considérations éthiques et philosophiques. La condition animale a inspiré bien des penseurs au fil des siècles.

Les progressistes

  • Pythagore (572-500 av. J.-C.) : il considère que manger des animaux est aussi scandaleux que pratiquer le cannibalisme.
  • J-J Rousseau (1712-1778) : Rousseau proteste contre les supplices et mauvais traitements infligés aux animaux, leur attribuant un statut moral fondé non pas sur la raison mais sur la capacité à éprouver douleur et souffrance.
  • Jeremy Bentham (1748-1847) : « La question n’est pas : Peuvent-ils raisonner ? ni non plus : Peuvent-ils parler ? mais : Peuvent-ils souffrir ? »
  • William Youatt (1776-1847) : « Nous essayons de montrer que la différence [entre les humains et les animaux] dans l’un des points les plus essentiels, est en degré et non en nature. » Les animaux ont les mêmes capacités – intelligence, émotions – mais s’exprimant à des degrés plus ou moins complexes.
  • Charles Darwin (1809-1882) : il a publié La Théorie de l’évolution selon laquelle toutes les formes de vie doivent être respectées, aucune n’était supérieure ou inférieure à une autre. Il a décrit les points communs dans l’expression des émotions chez les animaux et chez les humains, et suggère une évolution partagée.
  • Marguerite Youcenar (1903-1987) : elle a dénoncé la maltraitance générale des animaux par l’homme, « le prédateur-roi, le bûcheron des bêtes et l’assassin des arbres ».
  • Ruth Harrison (1920-2000) : elle a critiqué les méthodes de production intensive d’animaux. À la suite de son action, le gouvernement britannique a formé une commission d’enquête (Brambell committee), qui mena à la création du Farm Animal Welfare Council en 1979 et à l’élaboration des 5 besoins fondamentaux des animaux.
  • Donald Griffin (1905-2003) : il a étudié la pensée, les expériences subjectives des animaux. Ses travaux en éthologie cognitive ont démontré la complexité du raisonnement de certains animaux.
  • Tom Regan (1938-2017) : il est le principal théoricien des droits des animaux et de la position abolitionniste (mettre fin à l’utilisation de tous les animaux par l’Homme). Il a publié en 1983 Les Droits des animaux où il soutient que toutes les créatures sensibles ont une valeur inhérente.
  • Peter Singer (1946-…) : il a publié Animal Liberation en 1975 où il fait valoir que les utilisations de la plupart des animaux, y compris dans l’agriculture, sont très contestables. Il défend l’antispécisme, c’est-à-dire le refus de la discrimination morale sur la base de l’espèce. Pour lui, les intérêts des animaux sont aussi importants que ceux des humains.

Les conservateurs

  • Aristote (384-322 av. JC) : il pense que les animaux doivent servir les hommes car leur comportement n’est pas gouverné par la raison mais guidé par leur instinct.
  • René Descartes (1596-1650) : il est généralement blâmé pour avoir introduit l’idée de « l’animal machine » où les animaux sont assimilés à des automates. Il reconnaît que leur comportement ressemble à celui des hommes, mais pour lui, les animaux sont différents en ceci qu’ils ne possèdent pas d’âme consciente et rationnelle émanant de Dieu.

À retenir

« Le respect des animaux par l’homme est inséparable du respect des hommes entre eux. »

Préambule, Déclaration universelle des droits de l’animal

Lecture conseillée

Les droits de l’animal, J.-M. Coulon, membre du comité d’honneur de la LFDA & J.-C. Nouët, président d’honneur.

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