Évolution de l’élevage (Panneau 11)

Une intensification récente. Depuis des milliers d’années, l’humain élève des animaux domestiques et sauvages. Les progrès scientifiques, en particulier la découverte des lis de Mendel sur l’hérédité au XIXe siècle, ont permis d’affiner la sélection des reproducteurs. Mais l’augmentation de la productivité se fait souvent au détriment des animaux.

ÉVOLUTION DU PAYSAGE AGRICOLE

On comptait 2,3 millions d’exploitations agricoles en 1955, contre 510 000 en 2013. Les exploitations, de plus en plus confinées, s’intensifient avec une augmentation du nombre d’animaux par élevage.

Bovins allaitants (élevés pour la viande) par exploitation :

  • 1983 : 38 bovins
  • 2000 : 72 bovins
  • 2017 : 97 bovins

Animaux produits en France chaque année pour la consommation :

  • Poulets de chair = >850 M
  • Poules pondeuses = 48 M
  • Palmipèdes à foie gras = 33 M
  • Lapins = 30 M
  • Porcs = 24 M
  • Ovins (moutons – viande) = 4,4 M
  • Bovins laitiers (lait) = 3,7 M
  • Bovins allaitants (viande) = 3,8 M
  • Ovins (brebis-lait) = 1,3 M
Animaux produits en France chaque année pour la consommation

À cela s’ajoutent 1,4 million de ruches, 17 000 chevaux et des dizaines de millions de poissons, dont le nombre d’individus est difficile à estimer, mais qui représentent plus de 35 000 tonnes annuelles, dont 96% de truites arc-en-ciel.

Un pays agricole

La France demeure un pays agricole, avec 210 370 exploitations consacrées à l’élevage.

  • 1er producteur et 1er exportateur européen dans le secteur bovin (1/5e du cheptel).
  • 1er producteur européen d’œufs.
  • 2e rang européen pour la production de lait, de beurre, de fromage de vaches et pour l’aquaculture.
  • 3e rang pour le cheptel porcin et la volaille

L’élevage intensif

Cachées aux yeux du public, plusieurs filières sont devenues concentrationnaires : poules pondeuses et volailles, lapins, canards et truies sont majoritairement élevées en cages, les cochons sont élevés dans des parcs où l’espace se raréfie au fur et à mesure de leur croissance. Même élevés au sol, les poulets et les indes sont entassés, quelquefois par centaines de milliers, dans des hangars où l’air est irrespirable.

Le plein air en péril

En France, les bovins ont encore, dans leur majorité, accès au pâturage. La tendance va tout de même vers un confinement de la production. Récemment, la « ferme des mille vaches » a fait réagir le grand public. Véritable « usine à vaches », cette exploitation est perçu comme chosifiant l’animal pour en faire un simple distributeur de lait et de déjections*.

*Les déjections permettent d’entretenir un méthaniseur qui en produira de l’énergie.

UNE VOLONTÉ POLITIQUE PRODUCTIVISTE

  • 1945 – 1973 : Les Trente Glorieuses : après la Seconde Guerre mondiale, augmentation de la productivité agricole pour nourri la population croissante (en plein « baby-boom ») et atteindre l’autosuffisance pour les denrées alimentaires.
  • 1946 : Création de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA).
  • 1960 : Loi d’orientation agricole : développement et modernisation de l’agriculture.
  • 1962 : Politique agricole commune (PAC) : encadrement de la distribution d’aides aux agriculteurs européens.
  • 1966 : Loi sur l’élevage : création de la Commission nationale d’amélioration génétique et du Conseil supérieur de l’élevage. Une transition s’effectue des petites exploitations familiales vers des systèmes « optimisés », véritables entreprises agricoles.

PROGRÈS ET DÉRIVES DE LA ZOOTECHNIE

Définitions

  • Agronomie : science pluridisciplinaire qui étudie les sols, les plantes, les animaux pour répondre aux besoins de l’agriculture.
  • Zootechnie : désigne les sciences et techniques dont la finalité est l’optimisation de l’élevage des animaux, dont leur sélection et leur reproduction.

Augmentation de la productivité

Grâce à la zootechnie et à l’agronomie, la productivité des animaux a beaucoup augmenté. Sélectionnés selon leur vitesse de croissance, leur précocité sexuelle, leur production de lait, d’œufs, le nombre de jeunes par portée… les animaux sont devenus des bêtes de compétition qui, en parallèle, consomment de moins en moins d’aliments.

Dérives

Des poulets à la croissance éclair (d’après Zuidhof et al. Poultry Science, 2014)

Outre l’utilisation d’OGM, la perte de diversité génétique via la diminution du nombre de races ou le clonage, les schémas de sélection et d’optimisation des races posent de réelles questions éthiques. Une sélection de traits purement productivistes peut avoir des conséquences néfastes pour l’animal.

La sélection de poulets à croissance rapide entraîne des troubles locomoteurs, des déformations du squelette, des fractures, des désordres métaboliques et un systèmes immunitaire déficient.

La race bovine « Blanc bleu belge » est née via la sursélection du gène « culard ». Outre des problèmes respiratoires, l’hypertrophie musculaire obtenue rend cette race 100% dépendante de l’homme pour sa reproduction : l’insémination ne peut être qu’artificielle, et le vêlage (mise-bas) doit se faire par césarienne.

Les maladies se propagent à grande échelle dans les élevages à forte densité d’animaux. Ceci entraine une utilisation abondante d’antibiotiques, quelquefois en préventif, ce qui peut augmenter l’antibiorésistance des bactéries et pose un grave problème de santé publique. Une étude européenne a estimé qu’aujourd’hui, 2 fois plus d’antibiotiques sont utilisés pour les animaux que pour les humains.

À retenir

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