Le 25 novembre est la journée mondiale contre le foie gras. C’est l’occasion de rappeler l’enfer qu’est le gavage pour les palmipèdes. En dépit de la cruauté de cet acte et de l’existence d’alternatives, la France est l’un des rares pays européens à encore refuser l’interdiction de cette barbarie.
UNE FILIÈRE EN DÉCLIN
Les élevages de volailles pour la production de foie gras ont été touchés par la grippe aviaire. Le virus a refait son apparition dans les élevages français, entrainant l’abattage de près de 21,8 millions de volailles, dont 8 millions de canards, depuis août 2021. À ce jour, la filière tourne au ralenti car elle ne dispose pas du nombre suffisant de canards et canetons pour satisfaire la demande française. Une production en baisse de l’ordre de -30 % à -35 % est attendue en cette fin d’année.
la france est le premier pays producteur et consommateur
En 2020, en France, ce sont plus de 26,9 millions de canards et 313 000 oies[1] qui ont été gavés, c’est-à-dire nourris de force, afin que leur foie s’engraisse et devienne malade, pour fabriquer du foie gras.
Deux espèces de palmipèdes sont élevées pour produire le foie gras. Contrairement à une idée répandue, les oies ne représentent que 1,2 % des palmipèdes élevés pour leur foie, l’essentiel des oiseaux gavés étant des canards (98,8 %). La France, premier producteur et consommateur, produit près des deux tiers de la production mondiale de foie gras.
L’ENFER DU GAVAGE
Le foie gras est par définition un foie malade atteint d’une stéatose hépatique[2] (accumulation de graisses dans les cellules du foie). La phase de gavage consiste à enfoncer un tuyau métallique dans l’œsophage de l’oiseau, pour le forcer à ingérer une préparation à base de maïs 2 fois par jour pendant 12 à 15 jours. La quantité d’aliments augmente progressivement, jusqu’à ce que le foie du canard ou de l’oie pèse environ 10[3] fois plus qu’un foie en bonne santé. En somme, le gavage est un acte volontaire répété plusieurs fois par jour dans le seul but de rendre l’oiseau malade. Le gavage ne concerne que les canards mâles, car le foie des femelles n’est pas assez gros et est trop nervuré pour être rentable. Les canetons femelles, sont donc éliminés à la naissance.
DES CONDITIONS DE VIE LAMENTABLES
Lors de la phase de gavage, les oiseaux sont placés dans des cages collectives contenant au minimum 3 individus. Ils ne peuvent pas exprimer de comportements naturels, comme : se baigner, se retourner, interagir normalement avec d’autres congénères, déplier leurs ailes, plonger la tête sous l’eau, etc. Selon le rapport du Comité scientifique de la santé et du bien-être animal de la Commission européenne sur la protection des palmipèdes à foie gras datant de 1998, les animaux élevés pour la production de foie gras sont extrêmement stressés. De nombreux individus sont également blessés. En effet, les blessures et fractures[4] aux ailes sont les plus fréquentes. Afin de réduire les blessures que les palmipèdes s’infligent entre eux, les canards sont souvent débecqués (section de la pointe du bec) et dégriffés. La promiscuité des individus en élevage est très compliquée et les oiseaux se gênent et se blessent mutuellement. Le gavage entraîne des souffrances non seulement inutiles mais aussi prolongées.
UNE INTERDICTION EN FRANCE ?
Déjà une vingtaine de pays européens ont interdit le gavage. Seulement quatre pays et une région produisent encore du foie gras : la France, la Hongrie, la Bulgarie, l’Espagne, et la Wallonie (Belgique). En dépit de la cruauté de cet acte et l’existence d’alternatives, la France est l’un des rares pays européens à encore refuser l’interdiction de cette pratique.
LE LIVRET FOIE GRAS DE LA LFDA
La souffrance imposée aux animaux pour la production de foie gras est inacceptable, inutile et doit être arrêtée. Consciente de l’impact que peut avoir le consommateur dans ce processus, la LFDA met à disposition un livret accessible au plus grand nombre : « Le foie gras, une gourmandise au prix de la souffrance ». Ce livret permet d’informer le lecteur sur la production de foie gras mais également d’aider le consommateur à choisir sa conduite éthique en toute connaissance de cause.
Il s’appuie notamment sur le rapport du Comité scientifique de la santé et du bien-être animal de la Commission européenne sur la protection des palmipèdes à foie gras du 16 décembre 1998 et sur de nombreux textes règlementaires français et européens. Ce livret répond avec précision et concision à dix questions majeures sur le sujet. La version papier peut être commandée à l’adresse info@fondation-droit-animal.org ou au 01 47 07 98 99.
Lire aussi: Analyse critique du rapport du Comité scientifique de la santé et du bien-être animal sur la protection des palmipèdes « à foie gras »
[1] « Statistique agricole annuelle (SAA) 2020 » de 2021.
[2] Baèza et al. (2013), La stéatose hépatique chez les palmipèdes. INRA Production Animales, 26 (5), pp.403-414 : https://productions-animales.org/article/view/3169
[3] Broom & Rochlitz (2015). Le bien-être des canards pendant la production de foie gras. Université de Cambridge
[4] Rapport du Comité scientifique de la santé et du bien-être animal de la Commission européenne – 1998