La recherche et l’animal : état des lieux (Panneau 16)

Pour qui ? Pour quoi ? Pourquoi faire ? L’humain étudie les animaux pour en apprendre plus sur son propre fonctionnement et celui du monde qui l’entoure. Aujourd’hui très encadrée, la recherche reste mal connue de nombreux citoyens qui se demandent ce qu’il se passe dans les laboratoires, alors que les seules images dont ils disposent sont souvent liées à des scandales mis au jour par des lanceurs d’alerte.

RECHERCHE ET EXPÉRIMENTATION ANIMALE

La recherche

En général, elle a pour but de produire des connaissances. Elle propose des hypothèses sur le fonctionnement d’un phénomène, qui seront confirmées ou non selon le résultat d’expériences. Cela permet de détruire une explication sur le phénomène observé.

L’expérimentation animale

Elle désigne une section de la recherche ou l’animal est l’objet de manipulations invasives. Selon la directive européenne 2010/63/UE, elle concerne la recherche qui est susceptible « de causer une douleur, une souffrance, une angoisse ou des dommages durables équivalents ou supérieurs à ceux causés par l’introduction d’une aiguille ». Ainsi, une expérience ayant pour objet l’étude du comportement animal (éthologie) mais qui nécessite quelques prélèvements sanguins entre aussi dans cette catégorie.

Des animaux sont utilisés pour en apprendre plus sur eux, ou comme « modèles » pour l’humain ou d’autres être vivants. Par analogie, on déduira des résultats obtenus sur les animaux une explication sur un phénomène homologue qui se produit chez l’humain.

Par exemple, Jules Hoffman (chercheur et membre du comité d’honneur de la LFDA) a étudié le système immunitaire de la mouche drosophile (« mouche du vinaigre »). En identifiant un récepteur similaire chez la mouche et l’humain, ses travaux ont bouleversé la recherche sur l’immunité humaine et ont permis des progrès significatifs en santé animale et humaine.

Sévérité des procédures

La directive de 2010 a établi une échelle de « sévérité » afin de faciliter l’attribution ou le refus d’autorisation a un projet expérimental.

  • Légère : douleur, souffrance ou angoisse légères et de courte durée, sans incidence sur le bien-être.
  • Modérée : douleur, souffrance ou angoisse modérées de courte durée ou légère de longue durée, avec incidence modérée sur le bien-être.
  • Sévère : douleur, souffrance ou angoisse intenses ou modérées de longue durée, avec incidence grave sur le bien-être.
  • Sans réveil : procédure sous anesthésie générale sans reprise de conscience.

Objets de la recherche

Une partie des procédures est imposée par la législation ou la réglementation (majoritairement sur des poissons et des souris), par exemple pour vérifier la toxicité des produits avant leur mise sur le marché.

Objets de la recherche utilisant des animaux

Statistiques des animaux utilisés pour la recherche

Statistiques des animaux utilisés pour la recherche

Parmi les animaux utilisés, 22 % ont un génotype volontairement modifié qui est dommageable dans 15 % des cas (dont 87 % sont des souris).

UTILITÉ ET LIMITE DE L’UTILISATION DE L’ANIMAL

Des avancées

Les animaux ont permis des progrès dans la mise au point de vaccins et de traitement de maladies comme la tuberculose, le tétanos, la poliomyélite, la maladie à virus Ebola, le VIH, la maladie de Parkinson… et aussi certains cancers. Par exemple, en 1885, Louis Pasteur met au point le vaccin contre la rage en le testant sur des animaux de ferme.

Le nombre de vies sauvées depuis est inestimable. Le vaccin antirabique est encore injecté à des milliers de personnes chaque année en France.

Des limites

Les animaux présentent des différences physiologiques, endocrinologiques… avec l’humain, ce qui rend parfois peu fiable leur utilisation comme modèle : on n’obtient pas toujours les mêmes résultats chez l’animal et chez l’humain. Ainsi, la neurologiste Aysha Akthar dénonce la faible valeur prédictive des tests sur animaux (2015/Camb Q Healthc Ethics) : les taux d’échec sur l’humain sont très élevés dans certains cas. L’expérimentation animale a permis peu de progrès dans l’étude de certaines maladies, comme Alzheimer ou la sclérose en plaques.

De plus, ces divergences biologiques entre humains et animaux peuvent être la cause de graves effets secondaires chez l’humains et animaux peuvent être la cause de graves effets secondaires chez l’humain, non détectés sur les animaux, comme pour le thalidomide.

De la même manière, de nombreuses substances validées pour l’humain sont toxiques pour les animaux, comme l’aspirine pour les chiens et les chats.

Le cas du thalidomide

Médicament synthétisé en 1953, il a été autorisé après de nombreux tests sur les animaux. Prescrite à des femmes enceintes, la molécule a causé des malformations sévères des fœtus, dont au moins 15 000 auraient été affectés, notamment au niveau des membres.

A retenir

Lecture conseillée

Le Chercheur et la Souris, Georges Chapouthier, administrateur de la LFDA, & Françoise Tristani-Potteaux (2013).

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