Les zoos en question

  • Dimanche Ouest-France s’entretient dans le numéro 441 du 21 septembre 2014 avec Thierry Auffret Van Der Kemp, qui a dirigé la LFDA jusqu’en août dernier, à propos de l’ouverture au Danemark d’un zoo qui sera aménagé « de façon à cacher les visiteurs, afin de ne pas gêner les animaux en liberté » (sic).

« C’est un progrès. Les animaux auront de l’espace et ne seront plus gênés par la vue, le bruit et l’odeur des visiteurs. Mais cela ne suffit pas. Comment peut-on détenir un lion et recréer une savane dans un pays froid comme le Danemark ? Le climat n’est pas adapté ! Pour préserver les espèces, il faut préserver les animaux dans les pays où ils vivent libres. »

  • Le bimestriel Valeurs Vertes de juillet/août 2014 interroge la LFDA sur l’avenir incertain du zoo de Vincennes.

« Le parc zoologique de Paris a ouvert ses portes début avril, après avoir fermé pendant 6 ans. Selon la LFDA (la fondation droit animal, éthique et sciences), la rénovation a entraîné des dépenses élevées (le coût total est estimé à 306 millions d’euros), difficiles à compenser, malgré l’augmentation du coût des billets (de 6 à 24 euros) et les appels à parrainage sont incertains dans un contexte économique difficile. Selon la fondation: »La vraie question qu’il aurait fallu se poser était celle de la nécessité de devoir rénover le zoo …et de maintenir à Vincennes des animaux sauvages en captivité. »

  • Le mensuel Terre Sauvage de mai 2014, dans un débat sur l’euthanasie des animaux dans les zoos, recueille, outre l’avis de la directrice du parc zoologique de Thoiry, celui de Jean- Marc Neumann, juriste et vice-président de la LFDA, à propos du girafon du zoo de Copenhague abattu en février afin d’éviter un problème de consanguinité.

« J’estime que ce girafon n’aurait pas dû être euthanasié. Sur le plan éthique, c’est contestable. L’euthanasie est un traitement que l’on administre à un animal malade et non pas à un animal jeune et sain. Pour sa défense, le zoo de Copenhague a expliqué respecter les engagements pris lors de son adhésion à l’Association européenne des zoos et aquariums (EAZA). Les 347 zoos membres de l’EAZA participent à des programmes de reproduction qui visent à assurer la conservation d’espèces. Ces zoos se doivent ainsi d’éviter la consanguinité chez leurs animaux et veiller à ce qu’ils aient une diversité génétique suffisante. Il se trouve que le girafon n’avait rien de remarquable sur le plan génétique. Alors que fallait-il faire de l’animal? D’après les règles établies par l’EAZA, le zoo de Copenhague ne peut pas céder des animaux à des zoos qui ne font pas partie de l’association. Cela pour éviter que ces mêmes animaux se trouvent enfermés dans des conditions incompatibles avec leur bien-être. Les responsables ont donc refusé toutes les propositions qui leur ont été faites. Et, prétextant qu’il n’y avait pas d’alternative, ils ont appliqué les dispositions prévues par l’EAZA en choisissant la solution la plus radicale.
Souhaiter une diversité génétique importante, on peut le comprendre. Pour autant, faut-il tuer un animal jeune et sain? Je ne le pense pas. Il y avait d’autres possibilités, comme la castration de l’animal. Certes, de telles solutions sont en théorie défendues par l’EAZA. Mais il semblerait que cet organisme n’applique pas toujours avec la même rigueur ses propres principes. Selon l’association britannique Captive Animals Protection Society, deux zoos anglais membres de l’EAZA élèvent des lions blancs issus de consanguinité et certains ont été cédés à un cirque. On voit ainsi que deux règles importantes, édictées par l’organisme, ont été bafouées: pas de consanguinité et pas de cession à des non-membres…L’aspect financier doit également être pris en compte dans la décision du zoo. Le transport d’une girafe vers un autre zoo est coûteux. Quant à l’espace disponible, les zoos préfèrent le consacrer à un animal intéressant sur le plan génétique.
Par ailleurs, le zoo de Copenhague a choisi d’abattre le girafon en public puis, pour des raisons éducatives, d’exposer les morceaux de l’animal avant de les donner aux lions. La direction s’est justifiée en avançant qu’elle ne faisait que reproduire le cycle classique de la vie. C’est une vision très dogmatique, car il est illusoire de penser reproduire la nature. Les responsables ont, en outre, une approche très particulière de l’éthique et de l’apport éducatif de leur démarche. A ce sujet, la communication du zoo est désastreuse et cela pourrait avoir une incidence sur la perception des zoos par le grand public. De fait, on peut légitimement s’interroger sur la finalité éducative et scientifique des zoos? En quoi participent-ils à l’éducation? Que voit le visiteur de l’animal? Certainement pas sa manière de vivre et de se comporter à l’état sauvage. Montrer des animaux qui ont développé des stéréotypies en raison de leurs conditions de détention ne constitue, de mon point de vue, ni un apport éducatif, ni une image valorisante des zoos.
Sur le plan de la conservation de l’espèce, garder des générations d’animaux en captivité dans l’éventualité de les remettre en liberté un jour est discutable. Une telle entreprise nécessiterait des moyens colossaux pour réadapter l’animal, sans garantie de succès. Il y a près de 2000 zoos en Europe. Tous n’offrent pas la même qualité de vie aux animaux. Mieux vaut donc engager les fonds importants que nécessite l’entretien des zoos pour les consacrer à la préservation des espèces menacées dans leur milieu naturel. »

  • Dans l’hebdomadaire Télérama du 12 avril, Marc Belpois consacre un article de 3 pages, sous le titre « Les Zoos: une chance pour la biodiversité ? « , extrêmement critique sur le rôle scientifique et écologique affichés par les zoos. L’avis du cofondateur et président d’honneur de la LFDA y est recueilli.

[…] « Sur les 2323 espèces animales en danger critique d’extinction inscrites sur la liste rouge établie par l’UICN, une faible proportion est en réalité hébergée par les zoos. « Et les réintroductions réussies se comptent sur les doigts d’une main, assure le Pr Jean-Claude Nouët, cofondateur de la LFDA […] on écoute avec une oreille dubitative le discours du zoo moderne lorsqu’il prétend être « une arche de Noé » recueillant in extrémis des espèces au bord de l’extinction. En réalité, l’embarcation ne va nulle part. C’est une arche de Noé carcérale, plus ou moins confortable selon les maisons, zoos urbains rikikis ou vastes parcs animaliers. Comme le dit Jean-Claude Nouët, « les zoos ne préservent pas les espèces, ils conservent des animaux, ce n’est pas pareil ». Oryx algazelle et cerf du père David, espèces disparues à l’état sauvage, sont maintenus dans le formol, fossilisés vivants pour les générations futures. Contrairement à ce que suggère la petite musique des zoos, l’avenir des espèces se joue ailleurs. « Leur préservation passe nécessairement par la préservation de leurs espaces naturels », continue Nouët ». […]

  • Au cours de l’émission  » A Vincennes, un zoo du XXIe  » de France Info.fr du 7 avril […] »Jean-Claude Nouët de la LFDA tempête:

« Considérer que les zoos ont un rôle direct dans la préservation de la nature est une imposture ». Pour lui, l’argent dépensé pour le parc aurait été mieux utilisé à construire des logements sociaux pour les SDF qui campent dans le bois de Vincennes. L’Etat a financé à hauteur de 30 millions d’eurs le renouveau du parc mais le reste des 170 millions d’euros nécessaires ont été apportés par des investisseurs privés comme Bouygues. Ils seront remboursés à hauteur de 15 millions d’euros par an pendant 20 ans. Il faudra que ça marche. Le zoo de Vincennes est resté fermé 6 ans pour travaux. Il espère 2 millions d’entrées la première année. Le prix a bien augmenté. Il est passé de 6 euros en 2008 à 15 euros pour les enfants et 24 euros pour les adultes. […] Reste à savoir si le public sera au rendez-vous. »

  • Le quotidien Le Monde du 29 mars 2014, dans son cahier « Culture et idées » publie sur 3 pages sous le titre « Faut-il encore des zoos?

Un article de Catherine Vincent dans lequel, entre autre, le […]  » Président d’honneur de La Fondation droit animal, éthique et sciences, le professeur de médecine Jean-Claude Nouët, fustige le rôle de « préservation »dont se prévalent nombre de zoos occidentaux. Car la plupart, rappelle Jean-Claude Nouët, restent des entreprises commerciales avant tout, destinées à distraire des flâneurs au prix de la captivité d’animaux et de leur mal-être. Considérer que les zoos ont un rôle direct dans la préservation de la nature, c’est une imposture! Tout au plus y participent-ils, en faisant des dons à des organismes qui mènent localement, en Afrique ou à Bornéo, des opérations de sauvetage d’espèces menacées, poursuit le professeur de médecine. Et de dénoncer le matraquage en boucle auquel se livrent les responsables de ces lieux de divertissement, à l’aide d’un vocabulaire soigneusement distillé. Les animaux, se moque-t-il, ne sont pas des captifs mais des pensionnaires « ambassadeurs du monde animal », les enclos sont des secteurs de « biozones » singeant climats et continents, les pancartes sont des « vitrines offertes au public pour enrichir ses connaissances scientifiques »…Mais où est la nature, là dedans? […]La priorité, ce n’est pas de mettre beaucoup d’argent dans des programmes de réintroduction hypothètiques ou dans un écrin, même doré, comme celui de Vincennes. La priorité, c’est que les nations s’entendent pour prendre en charge de grandes zones africaines, sud-américaines ou asiatiques, qui soient totalement préservées de l’intrusion des hommes et du braconnage. Au lieu de quoi on continue à déforester les zones équatoriales et tropicales! Tempête Jean-Claude Nouët. Convaincu que la protection de la nature dans les zoos relève de l’illusion, il ne leur concède qu’une seule utilité: la pédagogie. Et encore! La mise en captivité d’un animal autorise les visiteurs à croiser son regard, à percevoir son odeur, à apprécier en direct son volume: source d’éventuelles émotions, mais non d’informations scientifiques, estime ce puriste ». […] 

Et Catherine Vincent conclut ainsi son article : « Les droits de l’animal nous interdiront un jour, peut-être, de maintenir en captivité des bêtes sauvages pour notre seul bon plaisir. »

  • Dans Le Monde.fr du 10 février, Audrey Garric pose à différents spécialistes, dont le vice-président de la LFDA, 5 questions sur l’euthanasie et l’autopsie publique d’un girafon au zoo de Copenhague abattu au prétexte qu’il ne possédait pas un patrimoine génétique suffisamment original.

[…] »Le zoo de Copenhague n’a pas commis de faute en terme réglementaire. Mais cet abattage est contreproductif pour la mission des zoos de protection des espèces en danger; « de fait la directive européenne zoo de 1999 n’interdit pas ce type d’euthanasie, de même que le réglement de l’EAZA et la législation danoise. Reste que cet abattage d’un animal sain est condamnable d’un point de vue éthique et moral, confirme Jean-Marc Neumann, juriste et vice-président de La Fondation Droit animal, éthique et sciences. Il est également irresponsable de l’avoir dépecé devant des enfants ». […]

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