Ce colloque a pour but d’établir des priorités en réponse aux enjeux de bien-être animal dans l’élevage. Des acteurs incontournables du bien-être animal et de l’élevage se sont exprimés lors de plusieurs tables rondes permettant un débat apaisé et constructif.
Le colloque « Le bien-être animal et l’avenir de l’élevage » s’est tenu le 22 octobre 2020 au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne de 9h30 à 17h.
Du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie à la présidente de la FNSEA Christiane Lambert, en passant par le PDG de l’INRAE Philippe Mauguin, le député Loïc Dombrebal, l’eurodéputé Younous Omarjee, et les professionnels (producteurs, industriels, distributeurs), tous se sont accordés pour dire que l’amélioration du bien-être animal passait par une discussion apaisée et éclairée par la science. C’était précisément l’objectif de la LFDA avec l’organisation de ce colloque.
Vous pouvez voir ou revoir la vidéo du colloque en intégralité ci-dessous :
Retrouvez le compte rendu du colloque dans la revue 108.
PROGRAMME
Modération par Laurence Parisot et Louis Schweitzer
9 h 30 : Allocution de bienvenue et objectifs par Louis Schweitzer – président de la LFDA
9 h 45 : La société et le bien-être des animaux par Elsa Delanoue – sociologue, Institut de l’élevage, Institut du porc
10 heures : Table ronde 1. Le bien-être animal et les apports de la science
Michel Baussier – président d’honneur du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires et Alain Boissy – Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), directeur du centre national de référence sur le bien-être animal
10 h 40 : Table ronde 2. Assurer le bien-être des animaux est-il rentable ?
Séverine Fontaine, directrice qualité filière animale chez Carrefour, Hervé Guyomard – INRAE, président de l’association LIT Ouesterel et Loïc Hénaff, président du directoire du groupe Hénaff
11 h 20 : Questions et discussions avec le public
12 heures : Allocution de Christiane Lambert – présidente de la Fédération nationale des syndicats
PAUSE DÉJEUNER
14 heures : Table ronde 3. Aider les agriculteurs à améliorer le bien-être animal : voies législative et réglementaire
Loïc Dombreval – député et président du groupe d’études sur la condition animale à l’Assemblée nationale, Muriel Falaise – maître de conférences en droit privé, université Lyon 3 et Younous Omarjee – député européen et membre de l’intergroupe sur le bien-être et la conservation des animaux
14 h 40 : Table ronde 4. Accélérer le progrès par l’information du consommateur
Yves de la Fouchardière – directeur général des Fermiers de Loué, Matthieu Riché – directeur de la RSE du groupe Casino et Louis Schweitzer – président de l’Association étiquette bien-être animal (AEBEA)
15 h 30 : Table ronde 5. L’avenir de l’élevage
Philippe Mauguin – président directeur général de l’INRAE et Marie-Thérèse Bonneau – première vice-présidente de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL)
16 h 10 : Questions et discussions avec le public
17 heures : Conclusion par Julien Denormandie – ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation
Le bien-être animal et l’avenir de l’élevage: une journée d’échanges
Depuis quelques années, on assiste à une réelle prise de conscience sur le bien-être des animaux d’élevage par les citoyens et les consommateurs. En effet, selon un sondage, 98% des Français interrogés pensent qu’il est important de protéger les animaux d’élevage. 88% des Français interrogés pensent que le bien-être des animaux d’élevage devrait être mieux protégé (Eurobaromètre 2015).
LIre aussi : Compte-rendu du colloque : « Le bien-être animal et l’avenir de l’élevage »
A travers des échanges entre des professionnels de l’élevage, de la grande distribution, des scientifiques, des parlementaires et des membres de la protection animale, le bien-être animal et de l’avenir de l’élevage a été abordé sous différents angles: scientifique, économique, législatif et sociétal.
Introduction de Louis Schweitzer
Louis Schweitzer, ancien haut fonctionnaire et homme d’affaires, est président de la Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences (LFDA) et de l’Association étiquette bien-être animal (AEBEA).
Il a introduit le colloque en dressant les objectifs de cette journée. Il a ainsi rappelé la nécessité d’établir des priorités face aux enjeux de la filière de l’élevage et de poser les fondements d’un avenir intégrant davantage le bien-être animal.
Retrouvez la vidéo de l’intervention de Louis Schweitzer ci-dessous:
La société et le bien-être des animaux
Elsa Delanoue, sociologue pour les Instituts Techniques des filières animales, tels que l’Institut de l’élevage (IDELE) et l’Institut du porc (IFIP). Elle est spécialisée dans l’analyse des relations entre l’élevage et la société.
Lors de son intervention, elle a dressé le portrait moyen du citoyen. Celui-ci souhaite un élevage naturel, traditionnel opposé au modèle de l’élevage intensif.
Retrouvez la présentation d’Elsa Delanoue au format PDF et la vidéo de son intervention ci-dessous:
Table ronde 1. Le bien-être animal et les apports de la science
- Michel Baussier, docteur vétérinaire, président honoraire du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires et membre du conseil d’administration de la LFDA. Il œuvre pour une réflexion éthique de sa profession en travaillant sur l’importance du lien entre l’homme et l’animal.
- Alain Boissy, chercheur en éthologie à l’INRAE. Il est directeur du centre national de référence pour le bien-être animal créé par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Ses recherches portent sur les capacités émotionnelles et cognitives des ruminants dans le but d’améliorer leur bien-être en élevage.
Les intervenants ont rappelé le travail des experts de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). L’ANSES définit le bien-être animal comme “l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes varie en fonction de la perception de la situation par l’animal”. Le ressenti de l’animal est donc un élément essentiel à prendre en compte pour aborder la question du bien-être animal.
Retrouvez la présentation de Michel Baussier (PDF) et d’Alain Boissy (PDF) ainsi que la vidéo de la table ronde « Le bien-être animal et les apports de la science » ci-dessous:
Table ronde 2. Assurer le bien-être des animaux est-il rentable ?
- Séverine Fontaine, directrice qualité des filières animales chez Carrefour. Elle a développé et mis en place la technique de la blockchain au niveau alimentaire, permettant d’assurer ainsi la traçabilité des produits.
- Hervé Guyomard, directeur scientifique Agriculture à l’INRAE. Il est également président del’association Laboratoire d’Innovation Territorial « Ouest territoires d’élevage » (LIT OUESTEREL), un projet de co-construction de nouveaux modèles d’élevage dans l’Ouest de la France.
- Loïc Hénaff, président du directoire du groupe Hénaff. Il dirige l’entreprise familiale, devenue la première marque de pâtés et rillettes en France. A travers son programme « Be good 2030 », il souhaite améliorer les conditions de vie et d’abattage des animaux élevés pour la fabrication des produits commercialisés par son entreprise.
Cette table ronde est revenue sur les difficultés entre les attentes sociétales des Français en matière de bien-être animal et leur propension à payer pour l’améliorer qui reste encore limitée.
Retrouvez la présentation visuelle de Séverine Fontaine (PDF) et de Hervé Guyomard (PDF) ainsi que la vidéo de la table ronde « Assurer le bien-être des animaux est-il rentable ? » ci-dessous:
Retrouvez la vidéo des questions et discussions entre les intervenants de la matinée et le public ci-dessous:
Allocution de Christiane Lambert
Présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), elle est issue du métier d’agricultrice et possède un élevage porcin dans le Maine et Loire. Elle a été récemment élue présidente de Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne (COPA).
Lors de son allocution Christiane Lambert a expliqué l’importance du bien-être animal pour les agriculteurs. Elle a reconnu néanmoins que des progrès pourraient progressivement être faits.
Retrouvez la présentation visuelle de Christiane Lambert au format PDF ainsi que la vidéo de son allocution ci-dessous:
Table ronde 3. Aider les agriculteurs à améliorer le bien-être animal: voies législative et réglementaire
- Loïc Dombreval, député des Alpes-Maritimes, il est président du groupe d’études « condition animale» à l’Assemblée nationale. Vétérinaire de profession, il a remis, en juillet dernier, un rapport sur le bien-être des animaux de compagnie et des équidés au Premier Ministre.
- Muriel Falaise, maître de conférences en droit privé à l’Université Lyon 3. Son expertise en droit animalier donnent lieu à de nombreuses publications et participations à des colloques. Elle participe également à l’information et à l’éducation du public sur les questions juridiques concernant l’animal et sa protection.
- Younous Omarjee, député européen. Président de la commission du développement régional au Parlement européen, il est également membre de l’intergroupe sur le bien-être et la conservation des animaux du Parlement.
Lors de cette table ronde, les intervenants ont discuté des évolutions législatives et réglementaires qui permettraient d’améliorer le bien-être des animaux d’élevage. En droit français, depuis la loi du 10 juillet 1976, l’article L214-1 du code rural et de la pêche maritime dispose que « tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ». L’Union européenne a également pris plusieurs directives pour la protection des animaux d’élevage.
Retrouvez la vidéo de la table ronde « Aider les agriculteurs à améliorer le bien-être animal: voies législative et réglementaire » ci-dessous:
Table ronde 4. Accélérer le progrès par l’information du consommateur
- Yves de la Fouchardière, directeur général des Fermiers de Loué, une coopérative de plus de 1100 éleveurs de volailles dans la Sarthe. Il est également membre de l’Académie d’Agriculture de France.
- Matthieu Riché, directeur de la responsabilité sociale d’entreprise (RSE) du groupe Casino. Il veille à améliorer l’impact social, sociétal et environnemental de l’entreprise, ainsi que sa performance financière.
- Louis Schweitzer, président de la Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences depuis 2012. Il est également, depuis 2018, président de l’Association Étiquette bien-être animal (AEBEA).
Cette table ronde est revenue sur l’une des mesure phare de la LFDA : l’étiquetage du bien-être animal. Au début des années 1980, il était interdit de mentionner le mode d’élevage des poules pondeuses sur les boîtes d’œufs. Afin de permettre au consommateur de pouvoir choisir en fonction de ses convictions, la LFDA a mené une grande campagne avec une coalition d’associations dont l’OABA. Elle avait alors pour but de modifier les règles en vigueur. La LFDA a finalement missionné un avocat pour défendre le dossier avec succès auprès des autorités européennes.
1984 : premier règlement européen qui autorise la mention du mode d’élevage.
1999 : règlement qui impose la mention du mode d’élevage.
En 2017, la LFDA poursuit son engagement. Elle initie un projet d’étiquetage avec CIWF-France, l’OABA et le Groupe Casino. Elle souhaite informer les consommateurs sur le niveau de bien-être des animaux dont ils achètent les produits. La première étiquette, sortie en décembre 2018, a concerné les poulets de chair. Depuis la création de l’AEBEA en 2019, de nombreux acteurs ont rejoints le projet. L’étiquetage devrait bientôt concerner les porcs.
Lire aussi : Étiquetage bien-être animal : une action phare pour la LFDA
Retrouvez la présentation visuelle de Louis Schweitzer au format PDF et la vidéo de la table ronde « Accélérer le progrès par l’information du consommateur » ci-dessous:
Table ronde 5. L’avenir de l’élevage
- Philippe Mauguin, ingénieur général des Ponts, des eaux et des forêts, il a été nommé président directeur général de l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) en 2016.
- Marie-Thérèse Bonneau, première Vice-présidente de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). Elle est également présidente du collège des producteur du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (CNIEL) .
Cette table ronde aborde l’évolution de l’élevage. Le futur de l’élevage sera plus vertueux sur le plan environnemental, du bien-être animal et de la rémunération des éleveurs. Cela devra passer par une réduction de la consommation de produits d’origine animale.
Retrouvez la vidéo de la table ronde « L’avenir de l’élevage » ci-dessous:
Retrouvez la vidéo des questions et discussions avec le public ci-dessous:
Conclusion par le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation
Julien Denormandie, ingénieur des Eaux et Forêts, il a été nommé ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation en juillet 2020. Avec le volet agricole du plan de relance de l’économie, il souhaite « accompagner les agriculteurs à la transition agroécologique ».
Le colloque s’est terminé par la prise de parole du ministre. Selon lui, tous les intervenants souhaitent avancer sur la question du bien-être animal, même s’il y a des désaccords sur la manière de le faire. Il a souligné la complexité du sujet. En effet, le bien-être animal nécessite une transition longue pour permettre une absorption des coûts liés aux investissements pour les agriculteurs. Pour finir, il a rappelé certaines mesures prises par le gouvernement comme la publication d’un décret visant à imposer l’origine des viandes dans la restauration par exemple.
Retrouvez la vidéo de la conclusion du ministre Julien Denormandie ci-dessous:
Les actions de la LFDA pour le Bien-être animal et l’élevage
Depuis sa création en 1977, la LFDA mène des actions pour améliorer le bien-être des animaux. Elle se félicite de nombreux succès, notamment la mention du mode d’élevage des poules sur les emballages des œufs. Cette avancé a ainsi permis de faire évoluer les modes de consommation. En effet, le pourcentage de poules pondeuses élevées en cages est passé de 69% en 2015 à 47% en 2020. De plus, les grandes enseignes de supermarchés se sont d’ailleurs engagées à supprimer totalement les œufs de poules élevées en cage d’ici 2025.
Quelques dates clefs :
1985 : Le règlement européen du 12 juillet 1985 autorise la mention du mode d’élevage des poules pondeuses sur les boîtes d’œufs grâce à l’action de la LFDA.
1999 : Obtention de l’application effective de la réglementation sur l’interdiction du transport des femelles gestantes et des animaux nouveau-nés.
2004 : Plaidoierie de la LFDA pour mentionner le bien-être animal dans la Constitution européenne. Adopté à Rome, le texte indique que l’UE et les États membres doivent tenir « pleinement compte des exigences du bien-être des animaux en tant qu’êtres sensibles ».
2018 : Lancement de l’étiquetage sur le bien-être des poulet par la LFDA, CIWF France, l’OABA et le Groupe Casino.